Simandou, le programme et le projet, l’opportunité d’une vie pour les Guinéens (par Moussa Sow, consultant)
http://Actuguinee.org / S’il y a à ce jour un mot qui nourrit bien des fantasmes et des passions, c’est bien Simandou. À tort ou à raison, chacun y va de son commentaire ; certains, parmi les sceptiques, y voient, au regard des habitudes d’un passé dont on se souvient encore, une opportunité pour une certaine élite de s’enrichir exclusivement, au grand dam du peuple.
D’autres, comme moi, restent convaincus du salut et du caractère salvateur du démarrage prochain du plus important projet minier du monde à ce jour, et de l’effet d’entraînement qu’il suscitera sur les secteurs de l’économie nationale. Mais encore faut-il s’impliquer chacun à son niveau pour créer le climat et l’environnement nécessaires à ce progrès tant voulu pour notre pays.
C’est un exercice qui n’est pas courant chez moi, mais auquel il m’est nécessaire de me soumettre, autant qu’il contribue à dissiper les nuages et à mobiliser mes compatriotes autour de l’idéal d’un essor commun.
Au-delà de la hantise des élections et de leurs corollaires de malheur que nous avons sitôt oubliés, pourtant les plaies sont, elles, encore béantes. Mais parlons progrès !
Dans un pays où tout est urgence et priorité, il faut s’arrêter un temps, si court soit-il, pour s’interroger et cesser d’avancer tête baissée dans le guidon.
Un esprit plus brillant que le mien disait que « la bêtise consiste à faire la même chose et à s’attendre à un résultat différent. » Ce qui nous invite à agir différemment.
Simandou, ce nom iconique, du fait de l’énorme richesse qu’il représente, mais surtout du fait de la ferme volonté du Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, à amorcer son exploitation, tant ajournée, pourtant ô combien transformatrice pour notre pays. Simandou, c’est l’essence de l’actualité guinéenne.
Parlons-en donc !
Quel en est le contexte ?
Depuis son arrivée au pouvoir le 5 septembre, le Général Président a reposé son choix sur la Jeunesse guinéenne. Au-delà des nombreuses nominations dans la haute administration, la laborieuse mais noble et exaltante responsabilité de conduire les négociations et de suivre le respect des engagements par les partenaires dans cette aventure hautement stratégique qu’est Simandou, a été confiée à un homme, certes effacé, mais l’un des cerveaux les plus brillants et techniques de l’institution présidentielle : Djiba Diakité, Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République.
Sa discrétion n’aura jamais effacé son sourire constant. Une sérénité qui laisse entrevoir son ouverture d’esprit rare, son acuité et son intelligence qui mettent tous ceux qui ont croisé son chemin d’accord. Des qualités rares lui permettant ainsi de démêler le vrai du faux, et de conduire avec brio les dossiers brûlants, quelle que soit leur complexité. C’est lui qui préside le comité stratégique en charge du suivi de l’exécution des engagements des partenaires Rio Tinto SimFer, Chalco, Baowu, Winning Consortium Simandou, réunis au sein de la Compagnie du Trans Guinéen (CTG), dont la présidence du Conseil d’Administration revient à la Guinée.
30 ans de rebondissements, résolus en 2 années, pour 20 milliards de dollars d’investissements, 1 port multi-usager et multi-service, 650 km de voies ferrées qui relieront la Guinée à elle-même, des routes, 60 millions de tonnes de production annuelle à terme, 2 milliards de revenus annuels dans nos caisses à partir de 2040.
Malgré ces chiffres, des voix se sont élevées, certaines légitimement, d’autres dans le but d’ôter du crédit aux efforts de nos autorités. Mais il y a une explication à tout, encore faut-il s’informer.
Le silence prudent et légitime des autorités « La communication trouve sa puissance dans le timing », apprend-on dans les amphis !
Les Guinéens ont hâte du démarrage de ce projet, mais surtout de voir ses impacts sur leur quotidien, de palper les transformations structurelles et humaines qu’il causera. Ils veulent aussi, et tout de suite, savoir les contenus des accords et conventions. Ce qui est légitime puisqu’il s’agit d’une richesse commune. Sauf que, une sagesse nous apprend que « le plus grand art est de savoir se taire
lorsqu’il le faut… », elle nous instruit ensuite « que la parole est d’argent et le silence d’or ! ».
L’aboutissement du projet Simandou ne fait pas que des heureux… Le progrès de la Guinée nuit à des intérêts de forces qui sont en intelligence pour agenouiller le premier pays francophone souverain de l’Afrique subsaharienne, et être acteurs du pillage de ses ressources.
L’État guinéen prend donc la responsabilité de se protéger et de ne pas « parler trop tôt et dire ce qu’il ne faut pas. »
« Nos négociations dans nos affaires au quotidien ne se font pas au grand jour, ce sont nos réussites qui font du bruit ! » m’a confié un ami averti et convaincu de l’opportunité de ce silence.
L’État adopte donc la même attitude pour protéger les intérêts de la Guinée. Nos concitoyens doivent, malgré cela, être rassurés que notre pays souscrit aux règles de l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives) et comprendre aussi que « certains documents annexes sont en cours de réalisation, il faut que l’ensemble de ces documents annexes soit finalisé pour que la convention
entre en vigueur… », comme l’a souligné sur les antennes de la RTG, le Ministre des Mines et de la Géologie. «
En aucun cas, le Général Mamadi Doumbouya ne mettra en cause les intérêts de son peuple », a dit un conseiller au cœur du dossier.
Si ces détails peuvent contribuer à rassurer, il est important enfin de se pencher sur la vision qui se niche derrière cette exploitation.
Elle s’implémente en programme quindécennal (15 ans), et pourquoi chercher loin et ne pas le labelliser « Programme SIMANDOU2040 ».
Simandou, plus qu’un projet, une conviction inébranlable du développement nichée dans un programme à l’horizon 2040
C’est une opportunité historique pour la Guinée de poser les bases d’un développement inclusif et durable. Une vision baptisée « programme SIMANDOU2040 », différente donc du projet qui en est d’ailleurs l’élément essentiel, tels la locomotive et ses wagons. Le défi n’étant pas que la seule extraction des minerais, mais la transformation de cette richesse en un moteur de prospérité humaine et structurelle.
Notre pays s’offre donc la possibilité de réinventer son avenir à travers ce programme qui s’appuie sur cinq (5) composantes déterminantes :
L’agriculture, l’agroalimentaire et le commerce
Piliers essentiels de la diversification économique, c’est le gage d’une économie durable et compétitive
- Valorisation des terres agricoles
- Transformation locale des productions agricoles
- Soutien aux PME agricoles et commerciales
- Renforcement du commerce local et international
L’éducation et la culture
Renforcement du capital humain et construction du nouveau citoyen
- Protection et valorisation du patrimoine culturel en vue de décoloniser les
consciences et construire un nouveau citoyen
- Intégration de la dimension culturelle nationale dans notre système
d’enseignement
- Renforcement de notre système éducatif
- Promotion des filières STEM (Science, Technologie, Ingénierie et
Mathématiques)
- Investissement dans la formation et l’apprentissage des jeunes à travers Simandou
Academy
- Octroi de bourses pour assurer le transfert des compétences
Le transport, les infrastructures et les technologies
Des secteurs essentiels pour moderniser le pays et assurer sa croissance économique
- Réhabilitation des infrastructures de transport
- Construction d’infrastructures modernes et durables
- Développement de l’énergie durable
- Transition numérique et technologique
- Construction de Smart cities (villes connectées et intelligentes) et urbanisation
L’économie, les finances et les assurances
Pour un système économique compétitif et résilient
- Renforcement du secteur financier
- Promotion des investissements directs étrangers (IDE)
- Mise en place de l’assurance pour les risques agricoles
- Réforme fiscale et promotion de la transparence
La santé et le bien-être
La préservation du capital humain est essentielle pour assurer un développement
durable et inclusif.
- Renforcement du système de santé
- Amélioration des structures sanitaires
- Atteinte de l’objectif ultime de création de conditions décentes de vie et de travail pour chaque citoyen guinéen d’abord ou non, mais résident en Guinée.
Doper la transformation humaine et structurelle, c’est faire bénéficier à chaque citoyen les retombées du progrès. C’est faire du fer ce que le pétrole fut et est pour les Émirats, l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe. Ainsi, la Guinée pourrait fièrement revendiquer le statut de leader africain en gestion responsable des ressources naturelles.
Dans ce sens, Simandou en appelle à tous, comme le prêche notre hymne, ce peuple qui fit appelle à ses frères de « la Grande Afrique », à se retrouver pour bâtir dans l’unité nationale, l’avenir et suivre notre marche implacable vers le progrès pour tous.
Par Moussa Sow, consultant