Rififi au Conseil national du patronat guinéen : Que cherche au juste Mamadou Sylla ?
« Chassez le naturel, il reviendra toujours au galop », nous enseigne un vieil adage. Après avoir fait la pluie et le beau temps au moment où le Général-président lui vouait une amitié sans failles, tout indique que Mamadou Sylla, le locataire de Dixinn-Bora, ex-PDG de Futurelec et de toutes les structures s’y apparentant, en veut toujours plus. Cela, même s’il devait se mettre à dos le régime en place qu’il n’hésite plus à pourfendre en fonction de ses intérêts propres…
Pas besoin vraiment d’égrener tous les souvenirs douloureux auxquels il n’a nullement été étranger sur l’échiquier politique national. Un seul suffirait en fait pour que la plupart de ses compatriotes se rappellent de lui. Il s’agit tout naturellement des terribles événements de janvier et février 2007. A l’origine du déclenchement desdits événements, la décision unilatérale et extrajudiciaire du Général Lansana Conté d’aller arracher son « ami » des entrailles de la Maison centrale de Conakry. C’en était décidément trop pour les syndicalistes et la société civile guinéenne. De mémoire de guinéen, jamais des manifestations n’avaient pris une allure d’émeutes aussi meurtrières dans le pays.
Qu’à cela ne tienne, le régime Conté a résisté à la grande tempête. Mamadou Sylla, en dépit des inimitiés qu’il avait contre lui, réussit une nouvelle fois à se remettre en selle. De toute évidence, l’homme devenu subitement prospère aux yeux de pas mal de ses compatriotes du fait de son « amitié » avec le Général-président n’avait pas encore dit son dernier mot. Le changement de régime ne manquera pas d’ailleurs de lui donner hélas raison.
Comme plein d’autres, Mamadou Sylla aura vite compris qu’en Guinée il suffit de devenir leader de parti politique pour s’aménager une immunité infaillible. Aussi, sans grande peine, le locataire de Dixinn-Bora, après son échec à la dernière élection présidentielle comme candidat, réussira à devenir député de la République sous la bannière de la mouvance présidentielle.
L’appétit venant en mangeant, il en voudra toujours plus, encore et encore davantage. Peu lui importe s’il doit de nouveau être au centre de nouvelles polémiques. N’est-ce pas d’ailleurs qu’il en est devenu coutumier du fait depuis le régime de son « ami » !
Ce n’est en tout cas pas sa dernière sortie lors de la réunion de la Conférence Internationale du Travail (CIT) à Genève qui démontrera le contraire.
C’est que quoi qu’étant devenu leader de parti politique, donc politicien, en violation flagrante des statuts de « son » patronat (lire l’Article 1 sur la Constitution et la Dénomination qui stipule ceci : « Il est constitué, conformément aux Articles 10 (paragraphe 2) et 18 (paragraphe 3) de la Loi Fondamentale et aux dispositions de l’Ordonnance N° 003/PRG/SGG/88 du 20 janvier 1988 portant Code du Travail (Livre III, Titre I), entre les entreprises et Sociétés exerçant sur le territoire de la République de Guinée, groupées au sein d’organisations professionnelles d’employeurs qui adhèrent aux présents statuts et qui pourraient y adhérer par la suite, une Union nationale ‘’apolitique’’ des employeurs dénommée « Conseil National du Patronat Guinéen » en abrégé « CNP-GUINEE »), Mamadou Sylla y est allé se mêler de ce qui, logiquement, ne devrait plus le concerner, c’est-à-dire de questions du monde du travail échappant d’ordinaire aux politiques. Puis qu’étant devenu lui-même législateur, il ne pouvait en aucun cas garder la casquette de président du patronat guinéen. La boulimie du pouvoir aurait été certainement à son comble si Mamadou Sylla avait été élu président de la République lors de la présidentielle passée. Son comportement actuel ne démontre-t-il pas qu’il aurait eu la tentation de garder une mainmise sur le patronat malgré son élection !
Se croyant sans doute plus futé, plus intelligent que tous les autres, en violation flagrante encore une fois des statuts du Conseil national du patronat guinéen (CNP-G), dont il entend confisquer le leadership en se pliant aux injonctions relatives à la tenue ordinaire par exemple des congrès, l’ex-PDG des Futurs… refuse obstinément d’entendre raison. Au point de faire délibérément de l’ombre à son président par intérim, censé le suppléer avant qu’il ne soit remplacé à la régulière du fait d’une incompatibilité devenue plus qu’évidente. Il a d’ailleurs suffi, pour ce faire, que ce dernier convoque une réunion pour ce jeudi en vue de tirer les enseignements du scandale provoqué par son encombrant président à Genève. Un scandale qui mériterait que le gouvernement guinéen demandât à Mamadou Sylla des comptes. En l’espèce, qu’on se le tienne pour fondé, il ne saurait s’agir d’un quelconque règlement de compte, pas plus d’une fuite en avant qui serait dissimulée derrière une prétendue appartenance ethnique.
Mamadou Sylla doit définitivement comprendre que le temps passe et les choses ont changé dans le pays. Il lui appartient de choisir : soit demeurer en politique en quittant définitivement la tête du CNP-G, soit préférer « son » patronat en disant adieu à la politique et à la prétendue immunité qui va avec. Nous y reviendrons certainement.
Moussa Soumah
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