Le cardinal Robert Sarah, figure majeure de l’Église catholique contemporaine, originaire de Guinée. Né le 15 juin 1945 à Ourouss, dans une modeste famille de cultivateurs animistes, il incarne un itinéraire spirituel et intellectuel exceptionnel, qui l’a mené des terres africaines aux plus hautes sphères du Vatican.
Très tôt marqué par la foi et le témoignage des missionnaires spiritains, il découvre sa vocation à l’âge de 12 ans, dans la mission de son village. C’est en Côte d’Ivoire, au petit séminaire Saint-Augustin de Bingerville, qu’il poursuit sa formation religieuse, loin de son pays natal. Ce séjour ivoirien constitue une étape déterminante, non seulement sur le plan académique, mais aussi spirituel : c’est là que naît véritablement son désir de devenir prêtre, dans un contexte plus stable et plus propice à l’épanouissement religieux que la Guinée de l’époque.
Après des études en France, à Nancy, puis à Rome et Jérusalem, il est ordonné prêtre en 1969, puis nommé archevêque de Conakry en 1979 à seulement 34 ans, devenant l’un des plus jeunes évêques du monde. Il affronte alors avec courage le régime autoritaire de Sékou Touré, défendant la liberté religieuse et la dignité humaine.
Son ascension se poursuit à Rome, où il sert comme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, président du Conseil pontifical Cor Unum, puis préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements de 2014 à 2021. Il est créé cardinal en 2010 par Benoît XVI.
Robert Sarah se distingue par ses prises de position conservatrices sur des sujets comme l’homosexualité, l’immigration, ou encore la liturgie. Défenseur du célibat sacerdotal, de la messe ad orientem, et d’une Église fidèle à ses racines spirituelles, il n’hésite pas à se démarquer de certaines orientations du pape François, notamment sur l’immigration et la synodalité.
En 2023, il fait partie des cinq cardinaux ayant adressé des dubia au pape François, confirmant son rôle de figure de proue du courant conservateur de l’Église. Aujourd’hui âgé de 79 ans, il reste une voix puissante, respectée, parfois contestée, mais toujours écoutée.
Son parcours est à la fois africain, ivoirien, romain et universel. Et si l’Église voulait renouer avec une autorité spirituelle forte et une vision théologique enracinée, le cardinal Robert Sarah, fils de la savane guinéenne et ancien élève de Bingerville, pourrait bien être l’homme de la situation.
Et si le prochain pape venait d’Afrique, de Guinée ? Et s’il avait grandi en partie en Côte d’Ivoire ?