Lu dans la Presse : // Près de 3 milliards de francs guinéens volés à la Banque Centrale, Louceny Nabé et Oyé Guilavogui cités //

 

C’est une affaire qui remonte à 2012. Selon les enquêtes menées par notre rédaction, ce sont au total 2 milliards 400 millions GNF qui ont été emportés.

En effet, la BCRG banque centrale de la république de Guinée a pour mission notamment de récupérer les anciens billets de banque avec les banques primaires afin de les détruire. Il s’agit notamment des billets perforés.

En août 2012, sept (7) conteneurs remplis d’anciens billets de banques destinés à la destruction ont été entreposés dans la cour et le garage de la BCRG sur ordre du gouverneur Louceny Nabé.

Deux semaines après l’arrivée des conteneurs d’argents, des auditeurs externes notamment européens, le directeur de la sécurité de la BCRG et le directeur du contrôle de la banque centrale réagissent.

A l’unisson, ils recommandent au gouverneur de la BCRG de ne pas laisser les conteneurs d’argents en surface mais de les mettre dans le caveau (sous-sol de la BCRG ndlr).

Louceny Nabé prétexte qu’il n’y a pas de place dans le caveau. Les conteneurs en question étaient alimentés par deux directions de la BCRG : Celle de la caisse centrale et de l’émission (ce sont eux qui émettent et réceptionnent au fur et à mesure les billets vétustes déposés par les banques primaires).

Suite à l’insistance du gouverneur de la BCRG, 5 agents de la banque sont désignés pour garder les clés des 7 conteneurs mais ces derniers émettent des réserves. Il s’agit de Mohamed Kourouma, chef service valeurs non reconnues VNR, de Souleymane Diallo chef service monnaie, de Kélétigui Kouyaté, risk manager, de Daouda Mara, risk manager et de Ouo-ouo Loua, chef de salle.

Après leur désignation, ces personnes demandent à leurs supérieurs hiérarchiques d’adresser une note à l’attention du gouverneur. Cette note dont voici un extrait, datait du 13 août 2012.

« Lors du comité de direction du 3 août 2012, l’un des points qui a suscité des débats houleux a été l’entreposage des conteneurs à billets dans la cour du siège et de celles des agences BCRG.

Bien que le manque d’aire de stockage soit une réalité, il est du devoir de la direction de la sécurité du personnel et du patrimoine DSPP et Risk Management de la direction générale de l’exploitation DGE d’attirer l’attention du cabinet sur les conséquences fâcheuses que peut entrainer un tel acte en cas de période de troubles (événement ) comme celles qu’a connes le pays en 2006 et 2007.

C’est pour cette raison que des dispositions urgentes doivent être envisagées pour débarrasser ces espaces de ces conteneurs dont le nombre est passé ce weekend de 3 à 5  pour le siège.

Par ailleurs, il convient de souligner que cette pratique a été dénoncée par les auditeurs externes ».

En dépit de cette note, Louceny Nabé s’obstine et s’engage pour le maintien des conteneurs à la même place.

Le principe était que lorsque les banques primaires envoient des billets vétustes, que les personnes qui détiennent les clés, fassent le dépôt dans les conteneurs en présence des agents de la gendarmerie de la BCRG.

Les conteneurs à billets étaient déposés dans deux endroits : La cour et le garage de la BCRG.

Pour la sécurité des lieux, des agents de gardiennage de la société OGUIFOK et les gendarmes sont présents.

Le service de gardiennage garde les alentours et le garage où étaient déposés également des conteneurs à billets.

Les gendarmes eux, assurent la sécurité dans la cour de la BCRG.

Ce service de gardiennage appartient à l’actuel ministre des transports Oyé Guilavogui et à un certain Fodé Kaba d’où le nom OGUIFOK.

Mais dans la nuit du 5 novembre 2012 aux environs de 2 heures du matin, deux gardiens d’OGUIFOK au niveau du garage de la BCRG, ouvrent un conteneur à billets avec des clés contrefaites à multiple usage sans endommager les cadenas.

Après avoir sorti 6 sacs contenants des billets de banques pour les mettre dans une voiture, un 3e gardien qui n’était pas vraisemblablement associé, s’oppose à l’opération.

La voiture s’en va à toute vitesse avec un des gardiens mais son complice est retenu par celui qui s’oppose au vol. Ce dernier crie au voleur. Des noctambules se précipitent sur le présumé voleur ce qui coïncide à l’arrivée d’un béret rouge de la garde présidentielle.

Ce dernier dépose immédiatement le présumé voleur et son collègue opposé au vol à la présidence.

Le 6 novembre c’est-à-dire le lendemain, le commandant des gendarmes qui sécurisent la BCRG est convoqué par la garde présidentielle pour lui remettre le présumé voleur.

Ce dernier partage l’information avec quelques responsables de la BCRG mais pas avec les 5 personnes qui détiennent les vraies clés des conteneurs à billets.

Deux semaines après, la direction de la caisse centrale envoie des vieux billets pour le dépôt au niveau du garage et c’est en ouvrant les conteneurs que les 5 agents de la BCRG constatent la disparition de 6 sacs de billets de banques.

Les 6 sacs contenaient chacun 20 paquets de 10 millions GNF. Les 6 sacs font cependant 120 paquets ce qui donne 1 milliards 200 millions GNF.

Après ce constat, les agents chargés du dépôt des vieux billets, demandent un inventaire de tous les autres conteneurs.

Ce contrôle révèle que 6 autres sacs avec le même montant avaient été volés dans un autre conteneur à billets.

Du 3 au 10 décembre 2012, un autre inventaire est fait avec des auditeurs. Ce 2e contrôle confirme le vol d’1 milliards 200 millions GNF.

Au total donc, ce sont 2 milliards 400 millions GNF qui ont été emportés.

Le 12 décembre 2012, Mohamed Kourouma et Daouda Mara sont convoqués devant la gendarmerie départementale.

Au même moment, les trois autres personnes accusées dans cette affaire sont libérées par leur direction, celle de la caisse centrale avec la bénédiction du gouverneur.

Après leur audition, Mohamed Kourouma et Daouda Mara qui relèvent de la direction d’émission sont traduits devant le TPI tribunal de première instance de Kaloum.

Là-bas, un non lieu est déclaré dans le dossier de ces deux personnes. Mais le gouverneur Nabé transfère le dossier à la cour d’appel qui à son tour prononce un non lieu le 18 décembre 2013. Cette décision est rejetée par le gouverneur de la BCRG qui envoie l’affaire devant la cour suprême. Mais la décision de la plus haute instance judiciaire du pays est sans appel. Elle confirme le non lieu de la cour d’appel lors de son audience du 16 février 2015.

La cour suprême demande à la BCRG de rétablir les deux agents dont les salaires ont été gelés depuis 2013.

Mais plus fort que la justice guinéenne, Louceny Nabé s’y oppose.

Le présumé voleur du nom d’Issiaga Denka Bangoura qui avait été arrêté la main dans le sac, a été momentanément emprisonné à la maison centrale avant d’être libéré. Convoqué pour être entendu comme témoin par le 4e juge d’instruction du TPI de Kaloum Zaoro Konomou, le directeur général de la société de gardiennage d’Oyé Guilavogui, Fodé Kaba reconnait qu’un agent de la société a été accusé de vol puis arrêté mais affirme qu’il ne connait pas ce dernier.

Fodé Kaba a également dit que sa mission n’était pas de garder des conteneurs à billets mais plutôt les alentours de la BCRG.

Plusieurs personnalités guinéennes dont le ministre de la justice Me Cheick Sakho, le procureur de la cour d’appel et le grand imam de Conakry Mamadou Saliou Camara ont tenté en vain de ramener le gouverneur de la BCRG à la raison. Ce dernier réclame le remboursement de l’argent volé même si la cour suprême reconnait l’innocence des deux agents de la BCRG.

D’après notre source, Nabé a même refusé de recevoir l’imam Saliou Camara pour parler de cette affaire. Il lui aurait dit au téléphone de revendre certains de ses terrains pour rembourser l’argent volé s’il voulait aider les deux agents concernés.

C’est donc le gouverneur de la BCRG qui défie toute la justice guinéenne.

L’on apprend également que le gouverneur de la BCRG a une dent contre l’un des deux agents innocentés par la justice en l’occurrence Mohamed Kourouma. Ce dernier était par le passé un proche de Lansana Conté. 

Par Ousmane Kandé / Tel :(+224)  657 77 10 14 de Guineeinfomonde.com

 

 

 

 

 

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