Monsieur le président de la république, il y a un proverbe populaire chez nous qui dit: « La calebasse ne se brise que lorsqu’elle se trouve dans les mains de deux hommes de caractères rudes ». S’il n’y a parmi eux qu’un seul qui est difficile, la calebasse aura une longue vie ou sera sauvée. Cette calebasse est la Guinée, son présent et son avenir et les deux mains sont les vôtres et celles du chef de file de l’opposition.
Personnellement, j’ai commencé à être inquiet de l’avenir de notre pays depuis le jour où le verdict du premier tour de la présidentielle de 2010 mit vous et candidat Diallo en liste pour le second tour. Mes raisons étaient que chacun de vos partis est fortement à caractère ethnique, les fanatiques qui s’adonnaient en spectacles derrière vous, les confrontations à connotations ethniques qui ont émaillé vos campagnes, les discours peu rassurants que vous et vos militants tenaient, la peur de la marginalization d’une partie du peuple par le futur gouvernement et les obstacles que cette partie discriminée pourrait en poser aux éventuelles réformes économiques.
Tout de même, j’étais un peu optimiste après votre discours de victoire dans lequel vous avez réaffirmé que vous serez le président de tous les guinéens, ceux qui ont voté pour vous et ceux qui ont choisi l’autre côté. Malheureusement, les actions de part et d’autre sont allées dans le sens inverse caractérisées par la confusion du pouvoir et la destruction de l’opposition. Ainsi en huit ans, il n’y a eu que des morts, les destructions de biens individuels et publics et rien d’autres que les élections et les élections. Étant donné que vos partis respectifs sont des regroupements ethniques, les haines des unes des ethnies pour les autres se sont exponentiellement multipliées de telle sorte que notre présent est plus que jamais confus sans réelles perspectives pour l’avenir. Tout guinéen qui peut imaginer notre pays après les cinq prochaines années, a peur.
Pourtant, il vous aurait suffit justes quelques actions pour redresser la situation socio-économique de notre pays tels que le respect de la constitution, le code électoral, … en un mot, les respects de toutes les institutions issues par le conseil national de la transition. Si tels étaient vos actes, nous aurions point eu besoin de tous ces accords et leurs cortèges de malheurs pour les guinéens. J’ai entendu que vous êtes docteur en droit public, donc je n’ai pas à vous apprendre que sans les lois ou les institutions, nous sommes comme les animaux. Non plus, je n’ai nullement besoin de porter à votre connaissance que les mauvaises lois et institutions valent mieux que sans les lois et institutions. C’est pourquoi celles-ci subissent les modifications et adaptations aux évolutions particulières de chaque société. Vous savez aussi pertinemment que chaque jour avec un nouveau accord ou dialogue ne donnerait jamais la stabilité politique à aucun pays. En général, les pays ne recourent à eux que dans les périodes transitoires en attendant que les nouvelles lois et institutions ne prennent places. Il était aussi de votre pouvoir de respecter le premier accord.
L’objectif de cette lettre est de rappeler que vous pouvez toujours limiter les dégâts, panser les anciennes plaies en évitant d’en rajouter et assurer la stabilité politique qui va avec le progrès économiques dans la cohésion sociale. Si vous êtes juriste, vous savez naturellement que c’est la crise institutionnelle qui engendre la crise politique, la crise politique donne naissance à la crise économique qui est accompagnée par les troubles sociaux. Qui parle de crise institutionnelle, entend par là les insuffisances des textes juridiques ou leurs non-respects ou applications par les décideurs et les simples citoyens.
Qu’on vous aime (vous et M. Diallo) ou pas, le fait est que ce sont vous seuls qui peuvent être appelés aujourd’hui pour aider la Guinée. Heureusement que vous pouvez nous aider bien évidemment si vous le voulez bien en attendant que l’ensemble du peuple ne prenne connaissance qu’aucun d’entre vous n’est réellement son ami. Sans l’UFDG, la Guinée n’aura pas la stabilité et les jeunes n’auront point d’emplois parce qu’une seule de ses marches mettra à l’eau le soir, tous les petits pas du matin. Si les trente-cinq pour-cent de l’ancien premier ministre ne lui font pas président, ils peuvent au moins être des obstacles à toutes les réformes en cours.
Monsieur le président, je vous exhorte d’appeler le président de l’UFDG pour discuter ensemble dans le but de trouver des issues favorables à la crise qui pointe à l’horizon. Les marches telles que décrites dans la constitution ne posent aucun problème à personne parce que ceux qui veulent marcher, le font dans les règles; et ceux qui veulent faire autres choses, s’occupent de ça. Malheureusement l’histoire de marches nous montre que nous devons nous en inquiéter parce qu’elles risquent d’être très violentes surtout si elles ont pour buts attirer l’attention de la fameuse communauté internationale sur nous et pour d’autres fins inavouées.
Monsieur le président, beaucoup d’entre nous se souviennent encore quand vous disiez que vous avez hérité d’un pays mais pas un État; et plus de huit ans après, il semble qu’on a eu ni l’un ni l’autre. Notre pays a connu des pires situations qui dépassent de loin les faux ou vrais complots et les faux ou vrais coups d’Etat car on n’avait jamais eu de cimetières où sont enterrés les « victimes » d’aucun régime sauf celui-ci. Notre pays est devenu un lieu de pagaille à cent pourcent: les marches politiques, les grèves syndicales, les mécontentements des élèves et étudiants, les ébullitions pour l’électricité ou les justices sociales qui sont caractérisées par les pertes des vies civiles et non-civiles, sont nos quotidiens. Pourtant, le premier devoir de tout État est d’abord de protéger les citoyens, leurs vies et biens. Les marches et les grèves se passent partout dans le monde ainsi que les mécontentements de temps à temps même si elles ne détruisent pas dans rares des pays comme le nôtre.
C’est pourquoi, il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités en faisant en sorte que les autorisations des marches, les grèves de quelle nature que ça soit soient dans les respects des lois en la matière par les forces de l’ordre, les politiciens et leurs militants et toute organisation qui en veut et à la fin, celui qui a piétiné la loi doit servir des exemples pour les autres et dans le futur. Aucune autorité n’accepterait ce qui se passe en Guinée depuis 2010. Partout où on met à côté les lois, ce sont les passions qui régneront et ainsi on ne serait guère très loin des lieux où la civilisation n’a pas séjourné; et le premier rôle revient à l’Etat d’assurer les respects des lois dans la stabilité politique, dans le progrès économique et dans la quiétude sociale. Si Une autorité dit qu’il y a des lieux en Guinée dans lesquels elle ne peut y régner l’ordre et la sécurité, alors elle ne mérite plus d’être appelée l’Etat parce qu’elle a tous les moyens légaux pour ça. Bien évidemment, le respect des textes doivent commencer par le sommet car si on n’obéit pas aux lois ou ne commence pas par les appliquer sur ceux qui nous sont les plus proches, alors il sera un rêve utopique de penser les faire respecter par les autres. Et personne ne craindrait un État s’il est injuste. Sans oublier d’entreprendre des actions juridiques et sociales sérieuses pour rendre justice à toutes les victimes pour qu’on en finisse avec ces dossiers qui peuvent être des obstacles, s’ils ne sont pas résolus aujourd’hui, au lendemain meilleur de la Guinée.
Monsieur le président, les lois et les institutions doivent être respectées après ces élections pour nous épargner des nouveaux accords bidons aux conséquences catastrophiques pour le futur paisible de la Guinée. Vos bilans et vos programmes de sociétés doivent caractériser les futurs débats politiques et les guinéens décideront de qui choisir. On ne croit point qu’on connaîtrait des nouveaux troubles post-électoraux si le code électoral est respecté à un grand pourcentage, si tous les acteurs ont accompagné tous les processus électoraux, si les voix du peuple sont respectées et si tout le monde peut compter sur la justice dans les traitements conscients des recours. C’est pourquoi la loi ou la démocratie a des conséquences parce qu’elles ne seront pas toujours de nos côtés mais elles doivent être les seules références et ainsi tout le monde sera content. «La démocratie (la vraie) n’a jamais fait du mal à personne », disait l’ancien président français, Nicholas Sarkozy. En d’autres termes, il est facile d’accepter les résultats s’ils sont effectivement des résultats issus des urnes.
Monsieur le président, en espérant que vous tiendrez compte des remarques d’un citoyen très inquiet du présent et l’avenir d’un pays dont vous avez la charge de son destiné, veuillez agréer l’expression de ma très haute considération.