Les mini-Miss « une dérive de l’hypersexualisation de la société »
La ministre du Droits des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles, Isabelle Simonis (PS), a affiché mercredi sa volonté de parvenir à une interdiction des concours de beauté de mini-Miss, destinés aux filles de moins de 13 ans. Le comité Miss Belgique a déclaré son intention d’organiser l’élection de mini-Miss Belgique, cet été, pour les petites filles âgées entre 6 et 10 ans, rapportent plusieurs médias mercredi. En France, de tels concours de beauté ont été interdits depuis 2013 pour les filles de moins de 16 ans.
En Belgique, si la nouvelle ministre de l’Enfance Alda Gréoli y est opposée, aucune réglementation n’interdit pour l’heure l’organisation de telles compétitions. « Je souhaite entamer une concertation avec tous les acteurs pour interdire tous ces concours », a-t-elle indiqué mercredi en plénière du parlement de la Fédération, où elle était interrogée par la députée Graziana Trotta (PS) sur le projet du comité national Miss Belgique d’organiser à l’avenir des concours de mini-miss.
« Je suis tout à fait contre ces concours qui concentrent tous les clichés et stéréotypes par rapport aux femmes et qui en plus sont néfastes par rapport à la construction identitaire et la santé mentale des enfants », a-t-elle ajouté. Favorable à une interdiction pure et simple de ces concours comme cela est déjà le cas en France, Mme Simonis a toutefois souligné que certains aspects de cette problématique relevaient d’autres niveaux de pouvoir que celui de la Fédération.
Dans l’attente d’un cadre légal, la Fédération invite dès à présent tous les pouvoirs publics à ne pas soutenir l’organisation de pareils concours, décriés pour l’hypersexualisation des enfants qu’ils entraînent bien souvent. Mme Simonis a également annoncé sa volonté de rédiger une charte de sensibilisation du grand public à cette problématique. Hypersexualisation Pour Alda Gréoli, ce type de concours « constitue une dérive de l’hypersexualisation de la société, dangereuse pour l’intégrité morale, physique et psychologique des enfants en bas âge ».
Elle partage sur ce point la position de Jean-Marc Nollet, ministre francophone de l’Enfance en 2013, qui s’était prononcé en faveur de l’interdiction des concours de mini-Miss en Fédération Wallonie-Bruxelles après un vote en ce sens intervenu le 17 septembre 2013 au Sénat français. Cette prise de position s’appuyait sur un avis du Comité d’éthique de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) étayé par des recommandations du Délégué général aux Droits de l’Enfant (DGDE). L’institution indiquait que la question des concours de mini-Miss « ne peut être traitée de manière isolée sans tenir compte de la sexualisation de l’espace public et de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ».
Risque de clandestinité À la question de savoir s’il faut les interdire pour autant, Bernard De Vos – délégué général aux droits de l’enfant – répond en nuançant. « Il y aurait alors le risque que cela se passe dans la clandestinité », déclare-t-il à l’agence Belga. « Il faut plutôt dissuader l’organisation de tels concours en faisant en sorte que les autorités publiques et les structures agréées et subventionnées par celles-ci n’encouragent pas ce type d’initiatives. » Dans une carte blanche publiée dans La Libre Belgique le 11 octobre 2013 et toujours d’actualité, Bernard De Vos met en garde contre les « conséquences potentiellement désastreuses pour ces petites filles:
troubles de l’image, désordres alimentaires, fragilisation identitaire, stress inutile, traumatisme psychologique et, par-dessus tout, la crainte de décevoir ses parents à un âge où chaque enfant a besoin de se savoir aimé et chéri sans condition ». Bernard De Vos appelle à limiter les affichages publics à connotation sexuelle et à mieux encadrer la diffusion de publicités à caractère sexuel ou participant au renforcement des stéréotypes du genre. Il encourage en outre parents, éducateurs et grand public à sensibiliser et éduquer les enfants à ce sujet.
Auteur: 7sur7.be – 7sur7.be