Les éventuels maux du système éducatif de la Guinée! (Première partie)
Seldon Cooper dans la série « The Big Bang theory », a dit: « Mon niveau dépend de celui de mon maître ». C’est une évidence que les niveaux des apprenants dépendent à un grand pourcentage aux compétences de ceux qui les apprennent.
Pour avoir été un élève, un étudiant et même avoir enseigné pendant une période de deux ans en tant que titulaire sans compter les nombreuses années au cours desquelles j’ai eu à donner une centaine des cours de révisons, je crois donc pouvoir donner ma contribution, minime soit-elle dans l’identification des problèmes qui caractérisent notre système éducatif, de poser bien ses équations et aboutir éventuellement à ses résolutions heureuses. Manda Sekou a eu raison de le dire: « Quand l’équation d’un problème est mal posée, tu trouveras tout sauf la solution de ce problème ». Ainsi pour un premier temps, il nous faudrait courageusement et patriotiquement chercher à identifier tous les maux qui gangrènent notre système éducatif, y compris en situant les éventuelles responsabilités à tous les niveaux et après, proposer de pistes de solutions.
Pour ma part, je m’attaquerai d’abord aux maux que je connais. Je les appelles les mauvaises nouvelles pour l’Etat, les parents d’élèves et bien sûr, pour les élèves. En général, les niveaux des élèves guinéens est une honte nationale. Il n’ y a guère plus de dix pour-cent d’entre eux qui savent pourquoi ils sont à l’école ou assimilent les cours qu’ils y reçoivent. On a le cœur brisé lorsque les cinquante pour-cent d’entre eux ouvrent leurs bouches ou écrivent des phrases simples. Pourtant le français est sans doute une langue et pas une matière, et qui doit être en principe maîtrisée depuis l’école primaire. Peu importe ce qu’on étudie, l’option qu’on entend s’orienter, si un élève ne maîtrise la langue dans laquelle il reçoit ses cours, alors il ne comprendra rien. On n’a nullement besoin de le prouver que lorsqu’un élève maîtrise la langue, il comprendra plus facilement tout ce qu’on lui enseigne et mieux, sera un apprenant très facile a éduquer.
Quant à la question: pourquoi les élèves guinéens sont-ils aussi faibles dans la langue? Ils peuvent en avoir plusieurs raisons qui commencent par les incompétences des enseignants et professeurs de français en passant par les manques de sérieux des élevés et pour finir par les abandons de leurs parents et l’Etat. J’ai eu la chance d’être dans la même classe que certains maîtres et maîtresses des écoles primaires quand j’ai décidé de faire l’Institut Supérieur de Formation À Distance. En les voyant seulement parler le français et comment ils l’écrivent, on se rend compte immédiatement les raisons profondes de manques de niveaux de nos enfants. L’école primaire est le soubassement des études et lorsqu’un élève fait un faux-pas à ce stade, alors sa vie sur les bancs risque d’être confrontée à des sérieux obstacles. Avant tout, personne ne se vantera d’avoir une maison sans une solide fondation. D’où la question de comment ces gens ont-ils atterri dans les salles de classes. Les directeurs d’écoles, les principaux de collèges, les proviseurs de lycées, les directeurs préfectoraux de l’éducation, les inspecteurs régionaux de l’éducation, le ministère de l’enseignement pré-universitaire ou le gouvernement en savent peut-être quelque chose. Une chose est sûre, pour évaluer quelqu’un, on a besoin d’avoir un niveau supérieur au sien ou au moins, le même niveau. C’est un crime et une violation élémentaire de principes moraux et religieux de confier l’éducation de nos enfants, l’avenir du pays aux gens qui n’en sont pas capables à cause de raisons subjectives.
Par ailleurs, c’est encore une évidence qu’enseigner dans les écoles primaires est le plus difficile parmi tous les échelons d’enseignement en Guinée. Ces gens doivent contrairement aux professeur de collèges et lycées, avoir la maîtrise de plusieurs matières notamment les calculs et la langue française. Leurs choix doivent être rigoureux parce que la vie de la nation en dépend et n’importe qui ne doit pas prendre la craie.
Quant aux professeurs de français, du moins ceux qui ont la charge de ces cours. Il faut reconnaître que beaucoup n’en ont guère fait la langue française leurs spécialités dans les universités, ni n’ont suivi aucune autre formation supplémentaire pour l’enseigner. Si les historiens, les juristes, … se font de professeurs de français, là il y a de problèmes. En tout cas, ils feraient mieux s’ils dispensaient les cours d’histoire ou d’instruction civile et morale. Ces exemples peuvent être extrapolés aux autres professeurs de toutes les matières. Sans oublier que les quatre pour-cent de nos professeurs n’enseignent que parce qu’ils n’ont rien trouvé à faire à gauche et à droite. Aimer ce qu’on fait à une importance capitale pour le bien faire. Mansa Sekou ajoutait: « On ne peut aimer que ce qu’on connaît et ne peut servir que ce qu’on aime ». Il est important que ceux qui doivent enseigner, aiment naturellement cette profession.
Ibrahima Kandja Doukouré