Laurent Gbagbo : « Je porte un beau regard sur les États de l’AES et la francophonie pour moi est sans effet »

Côte d’Ivoire – L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a accordé une interview au journaliste camerounais, Alain Foka, patron d’AFO Média. Au cours de cet entretien, plusieurs sujets ont été abordés. Il s’agit entre autres de l’actualité nationale en Côte d’Ivoire liée à son inéligibilité à la Présidentielle de 2025 du fait d’une condamnation de 20 ans qui pèse sur sa personne mais, ils ont également abordé le contexte de la création de l’Alliance des Etats du sahel (AES) et le regard qu’il  porte sur cette démarche du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Cette autre apparition de l’ex-chef d’Etat ivoirien était très attendue dès l’annonce de la diffusion de cette interview sur la chaîne YouTube d’Alain Foka, ancien journaliste de RFI, aujourd’hui, patron d’AFO Média qui selon lui veut réécrire le narratif africain.

Comme il fallait s’y attendre, pour Laurent Koudou Gbagbo, la Cedeao n’a plus sa raison d’être, lui qui au cours de ses 10 années à la tête de l’exécutif ivoirien dénonçait, à intervalles réguliers, l’inertie voire une certaine complicité des Etats de la Cedeao ainsi que la communauté internationale dans le conflit qui opposait son régime à celle de la rébellion dirigée par Guillaume Soro. Sans ambages, le président du PPA-CI, a dit son admiration face au courage des dirigeants de ces trois (3) Etats réunis au sein de l’Alliance des Etats du Sahel, AES, sur lequel il dit porter « un bon regard ».

Pour Laurent Gbagbo, l’une des questions fondamentales à se poser concerne les raisons du départ en 2023 du Mali, du Burkina Faso et du Niger de cette organisation créée en 1975. Un départ d’ailleurs justifié pour lui qui estime que l’organisation ne s’attaque pas aux problèmes de ses pays membres. Citant Boko Haram et les autres groupes terroristes qui écument le Sahel au vu et au su de la Cedeao, il rappelle qu’elle est toujours restée inerte. « Quand vous n’êtes pas capables dans une communauté de vous mettre ensemble pour chercher une solution aux problèmes qui se posent, ne vous étonnez pas que les gens vous quittent. »

Toujours sur le regard qu’il porte sur la Cedeao, Laurent Gbagbo la dépeint clairement « comme un instrument de propagande de la France », car selon lui, le principe du « Qui paye commande » y règne. Au-delà de la Cedeao, l’ex-pensionnaire de la Haye fait la même analyse de la situation de l’Union Africaine dont le siège a été entièrement financé et construit par la Chine et dont son budget de fonctionnement est en grande partie sponsorisée par l’Union Européenne. « Pour moi, je pense que les Africains ont deux choix : Se ressaisir et financer leurs organisations dont la Cedeao ou bien alors les dissoudre. », a-t-il tranché.

Le journaliste se demande alors pourquoi Laurent Gbagbo qui revendique le statut de démocrate soutient des régimes nés de coups d’Etat. « L’on présente l’AES comme un conglomérat de putschistes. (…) Il y a eu aussi des coups d’Etat en Guinée, au Gabon et au Tchad. Je fais deux remarques : pour ceux qui critiquent les dirigeants de l’AES et les traitent de putschistes, il y a deux sortes de coup d’Etat, les bons coups d’Etat et les mauvais coups d’Etat. (…)

Soit un coup d’Etat est un coup d’Etat soit il n’en est pas », dénonçant les deux poids deux mesures des pays occidentaux et africains. Il rappelle que « l’Afrique est pleine de faiseurs de coups d’Etat soit ‘constitutionnel’ soit ‘militaire’ donc l’AES n’est pas exception ». En définitive, Laurent Gbagbo promet de normaliser les relations entre les Etats de l’AES et la Côte  d‘Ivoire s’il redevient président en 2025.

« Je vais les considérer comme des Etats tout simplement » contrairement aux dirigeants actuels de la Cedeao pour qui ils sont infréquentables. « Comment peut-on recevoir le Général Brice Oligui Nguema, président du Gabon et rejeter les présidents Ibrahim Traoré du Burkina Faso ou Assimi Goita du Mali ou encore le Général Tiani du Niger ? », s’est-il interrogé.

Laurent Gbagbo candidat à la présidentielle ivoirienne de 2025 ?     

Pour l’opposant historique du Premier président de la Côte d‘Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, sa participation à la présidentielle ivoirienne de 2025 en tant que candidat et électeur ne fait l’ombre d’aucun doute même s’il pèse sur sa tête une condamnation à 20 ans de prisons dans « l’Affaire du braquage de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest » lors de la crise électorale de 2010-2011.

« Je serai candidat parce qu’ils (Ndlr : le parti au pouvoir et la justice ivoirienne) n’ont pas d’arguments », riant à la mention de l’expression « braquer une banque ». En définitive, Laurent Gbagbo estime que « cette cabale » inspirée de « la peur » du pouvoir d’Abidjan, ne passera pas et qu’il sera candidat à la présidentielle ivoirienne de 2025.

Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU in Burkina 24

 

 

 

 

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