Laurent Gbagbo condamné à 20 ans de prison !
On peut le dire sans se tromper, c’est à une justice muselière qu’ont droit les opposants ivoiriens. Laurent Gbagbo condamné à 20 ans de prison, c’est la grande nouvelle du jour du côté de la Côte d’Ivoire pour l’affaire dite de la « casse de la BCEAO » au plus fort de la crise postélectorale de 2010.
Laurent Gbagbo condamné à Abidjan,
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est présentement à La Haye où il fait face à un procès pour supposé « crime contre l’humanité ». Avec la faible crédibilité des procureurs de la Cour Pénale Internationale dans la salle d’audience de son jugement, il serait surprenant de voir la CPI condamner l’ancien président de la Côte d’Ivoire.
Malgré le défilé de nombreux témoins dans le prétoire, aucune information sérieuse n’est venue accréditer la thèse défendue par la procureur Fatou Bensouda et son équipe. Dès lors, les chances de voir Laurent Gbagbo libre au terme de ce procès sont grandes.
Comme s’il fallait trouver autre chose pour le museler une nouvelle fois s’il venait à sortir de la prison de Scheveningen, la justice ivoirienne s’est empressée de baliser le terrain. Laurent Gbagbo a été condamné à 20 de prisons ce jeudi à Abidjan. Lui et plusieurs membres de son dernier gouvernement ont écopé de la même peine. Cette condamnation est prononcée dans l’affaire dite de la « casse de la BCEAO ».
Pour la petite histoire, au plus fort de la crise postélectorale de 2010, les institutions financières internationales, sur manoeuvre de la France de Nicolas Sarkozy et d’ Alassane Ouattara, avaient arraché la signature de la Côte d’Ivoire à Laurent Gbagbo. Contre l’avis du Conseil Constitutionnel ivoirien qui en faisait le seul président élu de l’élection de 2010, et donc garant des intérêts de la Côte d’Ivoire, les instituions financières s’étaient rangées du côté de son opposant de l’époque.
Le but de la manoeuvre était d’asphyxier financièrement le régime Gbagbo afin de pousser les fonctionnaires ivoiriens et la population à la révolte. Ce plan a d’ailleurs échoué puisque Laurent Gbagbo a décidé d’utiliser les réserves de la Côte d’Ivoire à la Banque Centrale des États de l’ Afrique de l’ Ouest pour continuer de faire tourner l’économie.
Gbagbo était prêt à mettre la BCEAO à genou
Mieux, le président Laurent Gbagbo était sur le point de retirer la Côte d’Ivoire de cette BCEAO en battant monnaie. Avec le poids de ce pays dans cette institution financière régionale, une crise importante s’annonçait pour les autres pays membres. C’est donc pour empêcher ce désastre que la France s’est engagée militairement dans le pays en bombardant la résidence de Laurent Gbagbo jusqu’à son arrestation et la mort de son ministre de l’Intérieur Désiré Tagro.
Alors qu’il était vainqueur de l’élection présidentielle et qu’il brandissait à qui veut voir les preuves de sa victoire, notamment par sa demande de recompter les votes de l’élection devant les télévisions du monde, sa résidence a essuyé des tirs d’aéronefs français jusqu’à son arrestation par l’ancienne rébellion.
C’est donc l’usage des fonds pris à la BCEAO pour faire tourner le pays que voulaient affamer ses adversaires qui vaut au président Laurent Gbagbo et à ses ministres Aké NGbo, Désiré Dallo et Koné Katinan Justin une condamnation à 20 ans de prison.
A noter que les anciens rebelles, alliés d’Alassane Ouattara, avaient eux braqué la BCEAO de l’ouest de la Côte d’Ivoire plusieurs années avant cette réquisition des fonds par Laurent Gbagbo en 2010. Aucune poursuite n’a été engagée par le pouvoir Ouattara contre ces ex-rebelles qui bénéficient toujours d’une parfaite impunité.
Soupçonnés de graves crimes de guerre, ils sont également réclamés par la CPI, mais là aussi, le régime d’Abidjan refuse d’accéder à cette demande. Pendant ce temps, plusieurs proches de Laurent Gbagbo sont en prison sur la base d’accusations farfelues. D’autres ont déjà pris des condamnations à de la prison ferme comme l’ex-épouse de l’ancien président Mme Simone Gbagbo condamnée et en prison pour soi-disant tentative de Coup d’État.
Laurent Gbagbo condamné, un chantage à la prison
Chose curieuse, Aké NGbo et Désiré Dallo qui étaient présents au tribunal sont rentrés chez eux. Clairement, cette condamnation est une façon de les maintenir en lest. Le condamné qui fera parler de lui pour la force de ses opinions politiques, notamment par des critiques trop piquantes contre le régime Ouattara, pourrait se retrouver à la MACA.
Laurent Gbagbo et son porte-parole Koné Katinan Justin (présentement en exile au Ghana) font l’objet d’un mandat d’arrêt international. La technique est simple, c’est une parade pour le régime de maintenir loin du pays le père du multipartisme en Côte d’Ivoire, même en cas de sa libération par la CPI.
Attendu sur le terrain de la réconciliation, le régime d’Alassane Ouattara montre clairement qu’il préfère entretenir l’actuelle ambiance délétère pour continuer d’imposer des taxes en tout genre aux Ivoiriens. Laurent Gbagbo condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour avoir payé les salaires des juges, des enseignants, etc., une blague qui ne fait plus rire personne.
De Patrice Dama, spécialiste de la Côte d’Ivoire et Consultant à Afrique Sur 7.