Interview du ministre Damantang: « On ne fait que retourner l’ascenseur à nos amis marocains » affirme le porte-parole du gouvernement
Le porte-parole du gouvernement guinéen était parmi les officiels guinéens ayant pris part au forum économique Guinée-Maroc de Casablanca.
Le ministre Damantang Albert Camara fait le point:
« En attendant le rapport final, la tenue du forum de Casablanca est allée au-delà de nos attentes en terme de niveau de participation. Plus de 350 entreprises marocaines se sont pressées au forum. En plus, les ministres marocains ont pris part à la cérémonie d’ouverture mais surtout aux ateliers. Il y a eu la teneur des discours du ministre marocain des affaires étrangères, celui de l’économie et des finances et celui du représentant du patronat marocain. Ils ont planté le décor en affichant la volonté politique du Maroc et celle de ses opérateurs. Ils ont réaffirmé leur volonté de nouer des partenariats aboutis et teintés de succès.
J’ai personnellement assisté à la signature de plusieurs accords qui portaient sur la transformation des matières premières guinéennes. L’un portait sur le karité et le miel, par une femme entrepreneure guinéenne et un groupe multi-sectoriel marocain. D’autres portaient sur des accords miniers pour des partenariats en terme de sous- traitance. On m’annonce qu’il y a eu d’autres signatures. En attendant la teneur exacte de tous les accords signés, je puis noter qu’il y a eu également la signature d’une dizaine d’accords. Nous avons la chance d’avoir un pays à nos côtés, qui dans plusieurs domaines, depuis plusieurs années, a pu tisser et bâtir une expérience de qualité. Il est tout naturel pour nous, de vouloir essayer d’en profiter. Le secteur privé guinéen l’a compris. Il voit dans quelles tribulations se démènent le gouvernement pour régler cette question d’insalubrité. Si aujourd’hui, un opérateur privé s’associe à un marocain pour répondre à cette demande si forte, nous ne pouvons que féliciter cette initiative et la soutenir.
De toutes les manières, aucune des entreprises ne fait du social. Au contraire, toutes les entreprises veulent réaliser des profits, des chiffres et des bénéfices. Elles ne viendront en Guinée que si elles sont conscientes de réaliser des profits. En prenant, par exemple, le contrat portant sur la transformation de nos mangues et oranges en jus, c’est une valeur ajoutée pour nous. Dès lors que notre production sera valorisée et structurée. Il y aura de la création de l’emploi et des richesses pour nos agriculteurs et pour l’Etat guinéen. Avant ces projets, vous avez vu l’implantation d’une usine de cimenterie, celle de fabrication de la farine et nous sommes très avancés par rapport à l’installation d’une usine de fabrication d’aliments pour le bétail, qui permettrait de régler la transhumance du bétail, de créer de l’emploi pour nos éleveurs. Je crois que l’idéal, je n’aime pas cette expression, qui est à la mode, partenariat gagnant- gagnant, Ce sont autant d’investissements mutuellement profitables, qui devraient mettre en valeur les ressources guinéennes au niveau international mais aussi créer de l’emploi et de la richesse.
Pour parler de l’engouement autour du forum, je crois que c’est une histoire commune et des rapports historiques, qui sont mis au profit du développement des deux pays. Quoi qu’on dise, les États ont des intérêts. Aujourd’hui, le monde entier s’accorde pour dire que l’Afrique est le continent, qui a le plus de promesses en terme de croissance dans les prochaines décennies. Le Maroc a, sans doute, l’intelligence de ne pas laisser des continents étrangers venir investir dans le continent auquel il appartient, et être le premier, sinon le fer de lance de cette offensive vers le continent africain. Il entend se positionner résolument et solidement sur un certain nombre de pays, qui pour lui, peuvent être des porteurs de croissance. Le ministre marocain des affaires étrangères a dit qu’au-delà de la Guinée, le Maroc vise un potentiel de 300 millions d’habitants que représente l’Afrique de l’Ouest . Si la Guinée peut être ce centre à partir duquel les entreprises marocaines peuvent conquérir le marché Ouest-africain, pourquoi pas toute l’Afrique, cela répond à une démarche teintée de sentimentalisme, certes, par rapport à notre histoire commune mais par rapport à des objectifs stratégiques économiques.
Il y a eu un premier forum à Conakry, en marge de la visite officielle du Roi du Maroc en Guinée. Mais on ne perd rien à attendre. Mais on ne fait que retourner l’ascenseur à nos amis marocains. Je demande au secteur privé guinéen de ne pas être frileux, on a fait passer des messages. L’Afrique devait se tourner résolument vers l’avenir et cesser d’être intimidée et timorée. Je dirais l’Afrique doit cesser d’être complexée. L’Afrique doit se décomplexer. Aujourd’hui, nous avons des entreprises qui s’exportent, qui exportent leur savoir-faire, qui n’ont pas de problèmes à nouer des partenariats pour augmenter leur expertise et leur réactivité par rapport au marché mondial. On ne peut plus se contenter d’être guinéo- guinéen. »
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