Guinée/Election : Ces "petits riens" qui chauffe le cœur de l'électeur et influence son choix…

Certains me diront que j’ai tort. Je n’en ai cure. Je suis convaincu qu’après quelques temps de réflexion sereine, on finira certainement par me comprendre et… me rejoindre. Voici donc, à l’élémentaire, loin des gros mots académiques, le regard simple –simpliste ?- que je porte sur les ressorts qui ont dû sous-tendre les résultats de cette élection présidentielle en Guinée. Or donc, je déclare que Conakry, Dubréka, Coyah, Forécariah, Kindia, Mamou, Dalaba, Pita et Labé ont récompensé d’abord et avant tout, Kaléta. Kaléta, cette énergie électrique qui, pour la première fois, me met dans le confort inhabituel d’appuyer sur le contact et de voir ma chaumière éclairée, permanemment, de jour comme de nuit, tordant ainsi le cou aux récurrents cris d’émoi de nos pauvres populations, depuis de très longues années : « Ehhh tè fa, tè fa… … Ôôhhh tè siga ! ». Kaléta est venu court-circuiter tous ces slogans d’auto-flagellation que certains aimaient tant crier à gorge déployée, pensant faire du mal à quelqu’un d’autre, alors qu’inconsciemment, ils n’insultent que leur soi-disant patrie, à la face du monde : « Tè mouna, yé mouna ! ». Bref… Kaléta est venu « Kalé » tout ce tintamarre réducteur. Mais en plus et à l’invisible : nos petits ouvriers (soudeurs, ébénistes, menuisiers, tailleurs, vendeuses de poissons ou de fruits frais, bouchers…), tous ces pauvres hères qui ne vivent qu’à la sueur de leur front (au figuré comme au réel). Tous ceux-là qui étaient obligés des années durant, à se soumettre aux caprices de EDG avec son infernal « tour-tour ». Eux aussi ont dû faire leur choix dans l’intimité de l’isoloir, avec seul témoin, leur conscience et leur intérêt immédiat et futur… Kaléta a fait fondre le marché des vendeuses de glace : les petits réfrigérateurs dans la plupart des familles ont ramené au silence ces amazones de « yé guilacé khimbéli bééé ! ». Ah, mouf… ! Kaléta a aussi « kalé » la voracité en carburant, de nos bruyants et emmerdants groupes électrogènes. Et juste pour cela, bien de chefs et employés d’entreprises productrices, et autres chefs de famille de résidences privées, ont pu appeler -peut-être en secret- leurs protégés à en être reconnaissants dans l’isoloir, même pour peu… Sur un autre registre, Conakry, Matoto, Coyah… et tous ces usagers de la route qui subissaient la corvée habituelle d’entrée ou de sortie de notre capitale, ont salué la route 2×2 voies Conakry-Coyah. Avec cette aisance toute nouvelle de circuler, avec ces couleurs apportées au paysage et à la qualité de la vie…, sans compter toutes ces familles grassement dédommagées, pour avoir vu leurs domiciles touchés par les aléas du chantier. Là encore, l’isoloir a certainement enregistré des reconnaissants, et pas des moindres… La ville de Boké, elle, s’est vue ressembler, à partir de 2012, à une vraie ville, depuis… 50 ans. Infrastructures administratives et d’accueil, marché pour les femmes, espaces de loisirs pour les jeunes, voiries bitumées, lampadaires, et puis, l’eau potable à satiété dans les robinets à partir du site de Batafong… La Région de Boké, c’est aussi les villes de Boffa, Gaoual, Koundara. Avec les mêmes attributs de cité reconquis, le désenclavement de certaines zones rurales de haute productivité (pistes, ponts, ponceaux…). Avec ces lampadaires qui chassent à jamais, l’obscurité séculaire dans nos villages et hameaux. Avec ces nouvelles sociétés minières qui s’y sont installées… La reconnaissance discrète ou affirmée de Boké et ses préfectures de Boffa, Gaoual et Koundara a dû faire échos dans l’urne, et les chiffres parlent d’eux-mêmes… A 1000 km de Conakry, la ville de N’Zérékoré n’a pas dit le contraire : Zali a repris ses couleurs d’antan, et même plus. Tout ce qui était grisonnant ici est redevenu scintillant. Les attributs d’une capitale régionale se sont réaffirmés à travers des voiries bitumées, des bureaux administratifs reconstruits ou édifiés, des résidences et autres villas d’accueil restaurées dans leur splendeur d’antan, sans compter les installations de loisir pour la jeunesse… J’en passe pour Yomou, Lola, Beyla, Macenta, Guéckédou, Kissidougou. Avec pour la première fois, le bitume sur des rues et ruelles qui n’en avaient jamais connu une seule goutte depuis l’aube des temps. Avec de nouvelles gares-routières, des marchés modernes, et encore…, et encore des lampadaires et des forages… La Guinée forestière qui faisait figure de faiseur de roi dans ce scrutin présidentiel 2015 a dû choisir lucide et utile. Au-delà de tous les brouhahas de la campagne électorale, les populations massivement sorties pour recevoir et accompagner chacun des candidats de passage, ont dû certainement tanguer, à l’heure du choix ultime dans l’isoloir, entre les oripeaux d’annonces et de promesses, des plus enchanteresses et des plus saugrenues, et la réalité du déjà fait, du concrètement visible, du matériellement palpable. Les chiffres ont parlé… Bon… si je parle de Mamou, Dalaba et Pita, on trouvera que c’est redondant. La ville carrefour n’a jamais mérité de son statut de capitale régionale que maintenant. La place publique, le nouveau grand marché, les bureaux et résidences administratifs. Et puis, le bitume, l’éclairage public… Ah, moufff… ! L’urne a frémi de reconnaissance ! Mamou, c’est aussi Timbo, la capitale du Fouta théocratique. Avec sa grande mosquée vaillamment remise aux couleurs des temps modernes. Avec ces lampadaires, ces forages nourriciers, ce marché… Bon…, … le doyen Elhadj Boubacar Biro Diallo appréciera mieux que moi… Et puis, Dalaba. Dans sa cuvette thermale, la Suisse de Guinée revient, petit à petit, au schéma rêvé des ingénieurs et architectes coloniaux. Les vestiges historiques comme « Le jardin Chevalier » ou la « Case à palabres » des chefs traditionnels du Fouta remontent à la surface. Avec toutes les couleurs et tout le confort d’antan. Avec toute la symbolique enfouie dans les décombres de l’oubli et de la négligence, depuis une trentaine d’année. La gratitude intime était certainement au rendez-vous à Dalaba, le jour du scrutin. Au même titre que Mamou et Dalaba, la ville de Pita à vu renaître des cendres, toutes ces infrastructures que notre furie avaient ravagé en février 2007. Bureau et résidence de l’autorité préfectorale, commissariat, gendarmerie et, j’en passe… Et puis, bien d’autres infrastructures initiées et bâties, tel le grand marché ou…. Quand on ajoute à cela, le parfum d’industrialisation qui flotte au dessus de Timbi Madina, avec ses installations de transformation de la pomme de terre et d’autres fruits et légumes, Pita ne pouvait s’oublier dans les urnes… Pour la région de la savane guinéenne, je survole très rapidement les routes Mamou-Dabola, Mamou-Faranah, nids préférés des coupeurs de route, ces dernières années, à cause de leur état piteux. A ce jour, la vitesse des véhicules et leur cadence ont fait fuir ces monstres sécuritaires… Je ne tarde même pas dans le Nabaya, avec le « Da kèmè » aux scintillantes couleurs… çà veut tout dire ici, à Kankan. Siguri, elle, avait déjà commencé sa mue depuis…. et c’est visible sur le terrain. Alors, je danse avec Dinguiraye, Mandiana, Kérouané… Des localités qui, depuis l’indépendance, depuis l’aube des temps, viennent enfin de voir, pour la toute première fois, les premiers centimètres de goudron sur leurs voiries urbaines. C’est de l’inédit pour ces populations qui, pourtant, se sont toujours massivement et laborieusement mobilisées pour la cause de tous les régimes qui se sont succédé dans ce pays. Eh toi là, Cendrion et ta baguette magique, quitte là, tu nous complexes piannn… ! Oui…, Cendrion, avec ta baguette magique-là, tu nous complexes, ici à Conakry. Ne fût-ce qu’à travers la cité « Plaza Diamond » à Kipé, les « Bluezone » de Kaloum et Dixinn, les hôtels Palm Camayenne, Kaloum, à la place des martyrs, Noom, jouxtant l’hôpital Ignace Deen, Niger sur la place du grand marché de Kaloum, Sheraton à Kipé, Azalaï sur le site de l’ex-abattoir de Conakry… Les nouveaux quais du port de Conakry. Les chantiers de débarcadères à Téminètaye, Bonfi et Nongo. L’aéro-hangar de Gbessia qui a vite endossé les attributs d’un aéroport international, avec ses satellites et ses escaliers roulants… Pafff… ! Oui, Cendrion, tu nous as complexés, nous, les insulaires qui n’avons pas connu de drame de noyade depuis… deux ans. Et, t’inquiètes : nous savons parfaitement bien, pourquoi, et grâce à quoi, et à grâce à qui. Nous, qui nous enorgueillissons aujourd’hui de voir enfin Kassa enfourcher les attributs d’une sous-préfecture, présage de la prise en compte particulière de nos préoccupations de développement. Non, ici, sur les îles, on n’est pas ingrat. Mais alors, pas du tout ! … La preuve : l’isoloir nous a vus. Enfin, et à la généralité, les intrants agricoles (engrais, herbicides…) dont les paysans bénéficient, presque gratuitement, depuis 2011, et qui ont boosté le rendement à l’hectare. Et puis, le prix des denrées de première nécessité. Le riz. La farine. Le carburant. Le ciment. Les tôles. La… caisse unique (aïe, aïe…). Bon… çà va hein : je ne suis pas ton « petit comptable ». Je ne suis qu’un citoyen lambda, un électeur ordinaire. Je ne connais pas « macroéconomie ». Le taux d’inflation maîtrisé, la dette guinéenne effacée, le PPTE enfin acquis…, je ne m’y connais pas. Je vis terre-à-terre. Parce que je suis terre-à-terre, aux prises avec le harcèlement du quotidien… Et donc, j’ai voté terre-à-terre. J’ai voté tout simplement utile et positif. Et si, entre-temps, malgré mes souffrances du scrutin, arrêté toute la journée en rangs serrés, sous ce chaud soleil d’octobre, dans la sueur et le stress, et tout cela pour mon leader et mon parti, si entre-temps, malgré tous ces sacrifices, des termes ou slogans stéréotypés, expressément élaborés à l’intention de qui tu sais, si ces termes creux sont ressassés à l’ennui pour dévaloriser ou méconnaître mon libre choix, bèhhh… Cendrion, moi aussi je les écoute et… je les répète, ces clichés, avec leurs porteurs-non-auteurs, ces mécaniques télécommandées par Tartempion qui scandent : « … fraude, triche, mascarade, montage… », et patati et patata… Je répète ces clichés pour paraître à la mode. Je les répète pour me soulager des douleurs de la déroute. Je les répète pour être solidaire… (tu suis mon regard… ?). Mais toi, tu sais parfaitement qu’au fond de moi-même, devant le miroir de ma conscience, je connais très bien la réalité visible, palpable et… quantifiable. Et d’ailleurs, au-delà du brouhaha public, qui sait au juste pour qui j’ai voté, dans l’intimité de l’isoloir ? Je peux clamer des slogans, jouer au dindon et… voter utile. J’ai donc voté et… la Guinée a gagné. Ah oui, pour moi, citoyen lambda, c’est la Guinée qui a gagné. A gnon !… Et je dis et je signe : encore cette fois, la Guinée a gagné. La Guinée positive et constructive. Piannn !  Fodé Tass Sylla Tel de www.actuconakry.com: 622 56 56 67]]>

2 commentaires
  1. Adolf Condé dit

    Monsieur Fodé Tass Sylla,
    Tout ce que tu écrit ici, n’enlève en rien aux faits:
    1-Chasse et emprisonnement des délégués de l’opposition-reconnue par Damantang et la Mouvance.
    Du coup, Alpha Condé(militaire, administration,..) a voté, il a dépouillé et publié ses résultats. Comment pouvait-il être défait?
    2-Des circonscriptions entières des guinéens de l’étranger n’ont pas reçu de cartes d’électeurs(Angola, Guinée Bissau, Sierra Leone,…)
    3-Répartition sélective(ethnique) des cartes d’électeurs: des exemples existes.
    4-Bourrage d’urnes(sans délégués de l’opposition) en Haute Guinée jusqu’à 23 Heures, où est l’équité?
    5-Vote sans carte d’électeurs
    6-Vote sans liste d’émargement
    7-Vote sans enveloppe et sans isoloir.
    etc.
    Vu tout cela, et connaissant ton état de mendiant et de griot de Alpha Condé, cela ne m’étonnera pas que tu continues sur ta lancée.

  2. filsdefatou dit

    M. Fodé Tas Sylla, vous êtes un journaliste et non un griot qui chante pour un homme. Je ne veux pas rentrer dans ces détails mesquins et je voudrais vous dire de continuer à faire entendre ta plume de journaliste pour dire les choses telles. Toutes les réalisations faites par le pr. Alpha Condé sont au vu et au su de tout le monde. On n’a pas besoin de faire du bruit autour. Le citoyen guinéen n’est plus celui que vous aviez connu d’il ya 20 ans. Il raisonne et se décide. J’ai pris tout le temps de te lire c’est parce que le titre que tu as mis m’a fait penser à l’oeuvre que les blogueurs guinéens ont accomplis lors de ce scrutin. Mais au finish, j’ai réalisé que c’était autre chose. Je vous demande d’agir de façon professionnelle. Vous aviez eu des postes au courant du premier mandat d’Alpha Condé, c’est parce que vous êtes compétent. C’est pourquoi si non, ces balivernes racontés ne t’apporteront rien. Car le pr. Alpha Condé que je respecte tant n’a pas besoin de ces chansons pour croire en votre sincérité M. Fodé Tass.Si c’était à cause de ce griotisme, presque toute la haute Guinée serait à Sékou Touréya mon grand journaliste et écrivain.

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