Guinée: un manifestant tué dans des heurts avec les forces de l’ordre

 

Un partisan de l’opposition guinéenne a été tué jeudi et plusieurs blessés dans des heurts avec les forces de l’ordre déployées massivement pour empêcher des manifestations dans tout le pays contre le calendrier électoral, à moins de six mois de la présidentielle.

Le blocage autour du «calendrier électoral de la discorde» paraît total: le président Alpha Condé a de nouveau exclu de revenir dessus, alors que l’opposition en exige l’annulation pour reprendre le dialogue.

Après une journée «ville morte» à Conakry au début du mois puis des manifestations non autorisées mi-avril et en début de semaine — avec plusieurs morts et au moins une vingtaine de blessés — l’opposition cherchait à étendre sa contestation au reste du territoire.

Un partisan de l’opposition a été tué à coups de matraque et quatre blessés par les forces de l’ordre à Labé, fief du chef de file de l’opposition, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, dans le centre-nord du pays, selon une source hospitalière et des témoins.

Le corps a été conduit par les manifestants aux cris de «Allahou akbar» (Dieu est le plus grand) et «Mort aux dictateurs», à la morgue de l’hôpital régional de Labé, où régnait une forte tension.

A Mamou et Kindia, à l’est de Conakry, les forces de l’ordre ont également empêché les manifestants de se rassembler.

Un gendarme et un manifestant ont été blessés à Kindia, selon des journalistes locaux. Plusieurs dizaines de partisans de l’opposition ont été interpellés, selon l’Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG), parti de M. Diallo, et une source sécuritaire.

A Conakry, des échauffourées ont éclaté en milieu de journée en banlieue, faisant au moins cinq blessés légers parmi les civils, ont indiqué des témoins.

Le gouvernement a fait état d’une situation quasi normale à la mi-journée, à l’exception de heurts à Conakry et Labé, sans signaler de blessé. «L’opposition a une nouvelle fois défié la loi et mis en danger la vie de nos populations», a-t-il accusé.

– ‘Renoncer à la violence’ –

Les forces de l’ordre ont barré avec des véhicules l’accès aux domiciles de M. Diallo et d’un autre dirigeant de l’opposition et ancien Premier ministre, Sidya Touré. Elles ont fait usage de gaz lacrymogènes pour empêcher une délégation conduite par M. Diallo de sortir de chez lui, a constaté un correspondant de l’AFP.

Beaucoup de jeunes se sont regroupés aux abords des grands axes dans la capitale, face au déploiement massif de police et de gendarmerie.

Thierno Boubacar Sow, un militant à Conakry, a reproché à Alpha Condé de «dire qu’il n’y a pas la moindre possibilité de modifier le chronogramme (calendrier) établi par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) comme s’il était le porte-parole de la Céni».

A l’issue d’un entretien avec son homologue François Hollande à Paris, M. Condé a réaffirmé mercredi que la présidentielle se tiendrait en octobre, à l’échéance fixée par la Céni, qui a encore reporté le scrutin local, à mars 2016.

  1. Hollande a «manifesté son soutien aux initiatives du gouvernement guinéen en faveur d’un dialogue avec l’opposition» et «a appelé toutes les parties à renoncer à la violence», selon la présidence française.

L’opposition soupçonne le pouvoir de vouloir utiliser les exécutifs communaux provisoires qu’il a désignés – faute de scrutin à cet échelon depuis 2005 – pour influer, y compris par la fraude, sur la présidentielle.

«Alpha ne peut pas se passer des prestations de ces délégations spéciales et des autres élus locaux qu’il a nommés dans l’épreuve de l’élection présidentielle», a affirmé à l’AFP Cellou Dalein Diallo, candidat malheureux au second tour en 2010 après avoir largement devancé M. Condé au premier.

«Et s’il perd les communales, il pourra difficilement justifier une victoire +éclatante+ au premier tour de la présidentielle», a-t-il jugé.

Ce pays d’Afrique de l’Ouest qui n’a connu pratiquement que pouvoirs autoritaires, coups d’Etat et répressions sanglantes, n’est pas encore parvenu à capitaliser sur ses importantes ressources minières pour sortir de la pauvreté.

L’épidémie d’Ebola qui s’y est déclarée en décembre 2013 a freiné les investissements et mis à nu les tensions entre pouvoir central et populations ainsi qu’entre communautés.

Alpha Condé, un ancien opposant embastillé, est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française.

AFP

Tel de www.actuconakry.com: +224 622 56 56 67

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