Guinée : Les Mauvais Guinéens veulent-ils récupérer les revendications syndicales ?

 

Depuis quelques jours on suit les négociations entre le gouvernement et les représentants syndicaux de notre pays. Ces négociations portent sur l’application de la nouvelle grille salariale, le prix du carburant et les autres points du protocole d’accord n’ayant pas été pris en compte. Cette revendication est une légitime ambition des travailleurs pour une amélioration de leurs conditions de vie. Elle n’a aucun dessous politique et personne n’a donc le droit de s’immiscer dans cette revendication pour une quelconque récupération. Les coups de pattes que se donnent les chèvres dans l’enclos ne constituent pas de danger pour elles si, la patte de l’hyène ne s’en mêle pas.

L’application de la grille salariale avait été fixée à janvier 2016, elle constitue l’un des points du protocole d’accord. Et avec la baisse du prix du baril  sur le plan international et conformément à la flexibilité du prix du carburant promise par le gouvernement, le syndicat se voit en droit de demander la baisse du prix à la pompe pour  soulager les populations guinéennes. Comme les négociations sont en cours, il est difficile aujourd’hui d’en prédire l’issue. C’est dans l’attente de cette issue finale que les travailleurs nourrissent d’aller en grève au cas ou leurs revendications ne seraient pas prises en compte par le pouvoir.

Il faut aussi reconnaître que d’autres mesures impopulaires prises par le gouvernement sont venues troubler l’atmosphère déjà délétère des travailleurs. Il s’agit notamment du fameux redéploiement des enseignants et de la ponction faite sur les salaires sans aucun préavis. Le manque de communication est l’une des faiblesses de notre gouvernement, pendant que les travailleurs s’attendaient à une augmentation de salaire on procède à cette terrible imputation sur les salaires ce qui a bouleversé tout le monde. Aussi le redéploiement sollicité par le département du pré universitaire soulève aujourd’hui de sérieux problèmes par la manière dont certains responsables de l’éducation ont agi. Comme conséquence majeure, certains se sont servis de cet alibi pour régler leur compte en se débarrassant des gens indésirables à leurs yeux. Ensuite ce remue-ménage impactera négativement sur le processus pédagogique car le moment est mal choisi. En temps normal les enseignants mutés dans les zones difficiles ne rejoignent jamais à plus forte raison quand un déplacement est teinté d’injustice ou d’arbitraire.

Déjà les esprits commencent à s’échauffer et le secteur de l’éducation qui est un secteur extrêmement sensible peut facilement servir de détonateur pour les mal intentionnés. Il faut reconnaître que des aspects très importants ont été occultés dans ce redéploiement. Les 2/3 du personnel de l’élémentaire sont des femmes qui sont en majorité en âge de procréation. Les problèmes physiologiques liés aux grossesses, les cas de maladie des enfants et des époux sont autant de facteurs qui demandent une révision de ce processus. L’absence de suppléance dans les écoles, la mise en situation de classe des directeurs sont de nature à créer un dysfonctionnement dans la gestion d’une école. Aussi par endroit il faut corriger les fautes commises par certains DPE et DSEE dans ce redéploiement pour atténuer les frustrations. Des maîtres en situation de classe ont été démis des classes au profit des protégés de leurs chefs hiérarchiques. Et les victimes n’entendent pas baisser les bras face à une telle injustice, ce qu’il faut craindre c’est leur instrumentalisation par les anarchistes qui sont aux aguets, et qui veulent profiter de la moindre faille pour perturber la quiétude nationale.

Par rapport à la ponction faite sur les salaires le dernier communiqué du gouvernement a soulagé, ce qui a cassé l’élan des mauvais esprits. Il ya certains compatriotes qui veulent récupérer ce mouvement pour lui donner un caractère insurrectionnel, d’autres disent qu’il faut agir comme au Burkina avec Compaoré. Nous voulons d’un Etat démocratique respectueux du droit dans toute sa complexité, nous devons être à mesure d’assumer nos responsabilités dans la plus grande dignité. Il est loin derrière nous l’atmosphère de la campagne électorale, nous devons ensemble maintenant bâtir une nation forte et prospère. Déjà le Président de la République à travers cette large ouverture faite à ses adversaires d’hier.

Nous devons être extrêmement vigilants éviter au maximum les mesures impopulaires, au nombre desquelles la situation des pensionnés qui ne sont pas jusque là payés depuis deux mois. La trêve sociale connue par notre pays durant ces cinq dernières années doit se pérenniser pour le bonheur du peuple. Il faut souvent de la flexibilité dans l’application de certaines mesures qui ne font pas l’approbation générale. Ce n’est pas en un seul instant que l’on peut corriger ce qui est gâté il ya des décennies. Les anarchistes qui se pourlèchent déjà les babines ne trouveront pas leur compte dans ces revendications. Il revient aux autorités de savoir gérer une telle situation afin d’éviter le machiavélisme de certains aigris qui ne digèrent pas jusque là leur défaite.

Une sagesse mandingue enseigne :

Quand un homme est averti il devient un sorcier

Jacques Leno 

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