Femmes d’Ici et d’Ailleurs : Diaka Camara, Journaliste et Productrice d’émission télévisée
Dans ce numéro du BDG, cette passionnée de la communication, partage avec nous son parcours professionnel. Sereine et décontractée, elle aborde ici sa motivation de s’installer en Guinée.
CCG : Bonjour Madame Camara, et merci de nous accorder cette entrevue. Présentez-vous brièvement aux lecteurs s’il vous plaît !
Diaka Camara : Bonjour ! Je suis journaliste, j’ai un bachelor en communication journalisme de l’université de Houston au Texas. J’ai passé la plus grande partie de ma vie aux Etats Unis, je suis rentrée en Guinée en 2011, afin d’apporter ma touche de changement dans le monde de l’audiovisuelle, avec ma première émission télé top10.
CCG : Avant d’arriver en Guinée en 2011, vous étiez à Télémundo, puis gestionnaire de compte à la Chase Bank. Pourquoi avoir abandonné votre vie américaine, pour vous installer en Guinée ?
Diaka Camara : Je vous avoue que l’idée n’est pas venue de moi, mais plutôt de mon cousin qui avait fait son retour au bercail cinq ans auparavant. C’est lui qui m’a poussée à revenir au pays et à y rester. De mon côté, je souhaitais aussi apporter ma contribution au développement de mon pays. Dès mon retour donc, j’ai commencé l’émission top10, diffusée sur la RTG. TOP10 étant un ‘’prêt à diffuser’’, filmé aux Etats Unis, je n’avais pas besoin de rester en Guinée. Mais au fil du temps, avec les conseils de mes proches, j’ai décidé de m’installer pour contribuer à changer les choses sur place et comme Dieu fait bien les choses, un grand changement positif, venait de porter un nouveau Président démocratique à la tête du pays. Je m’étais donc dit, que l’heure du changement était finalement arrivée.
Avec plusieurs années d’expérience dans le domaine de la communication, du journalisme et de l’animation, quel regard portez-vous sur votre bilan à ce jour ? Vous était-il arrivé de douter et de regretter votre tentative de retour ?
Diaka Camara : Mon parcours n’a pas été facile. Le retour au bercail fut très difficile et il a fallu s’adapter localement. J’ai dû traverser beaucoup de difficultés, avec des hauts et des bas, et par moments, j’ai failli tout abandonner pour retourner au Texas mais, je me suis dit que « c’était tout de même chez moi, et qu’il était hors de question de jeter l’éponge dans ce bras de fer engagé» ; Aujourd’hui, je n’ai plus le moindre doute ; Rester était la meilleure décision. Je progresse peu à peu, et je suis définitivement convaincue, qu’avec de la persévérance, la réussite est forcément au bout. J’ai compris que mon pays avait besoin de pionniers, de gens volontaires pour contribuer à le faire émerger. Il nous faut donc être sur le terrain, pour mener le combat malgré l’impression à certains moments, d’être très loin du bout du tunnel. C’est aussi cela le patriotisme : CROIRE EN SON PAYS ET ŒUVRER POUR LE FAIRE AVANCER.
CCG : Vous êtes une femme résolument engagée pour le développement de son pays. Quelles sont vos plus grandes fiertés depuis votre retour en Guinée ?
Diaka Camara : Avec le succès de ‘’TOP10’’, je me suis lancée dans l’activisme afin d’utiliser ma popularité pour tenter de véhiculer des messages positifs à la jeunesse guinéenne. Ainsi, dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, j’ai fait un documentaire « 1 sauve 100 » pour sensibiliser les populations guinéennes. En 2016 j’ai été nommée ‘’Ambassadrice’’ de Conakry capitale mondiale 2017 du livre et à cet effet, j’ai créé la Fondation Diaka Camara pour la promotion de l’Education. Je viens également de lancer une nouvelle émission intitulée « livre en action », pour promouvoir le livre et la lecture.
Parlons justement à présent de Conakry, élue Capitale Mondiale du Livre 2017’’ par l’UNESCO. Vous êtes Ambassadrice de cet événement culturel planétaire que la Guinée va abriter en 2017. Où en êtes-vous dans les préparatifs ?
Diaka Camara : Les préparatifs de Conakry Capitale Mondiale du livre avancent petit à petit. Nous avons effectué des déplacements pour promouvoir cet événement à travers des salons du livre qui se tiennent un peu partout dans le monde, nous avons assisté à ceux de Prague et Washington DC, et aussi à la journée internationale de l’alphabétisation organisée par L’UNESCO à Paris. Et toujours dans le but de promouvoir Conakry Capitale mondiale 2017 du livre, j’ai créé une nouvelle émission « livre en action ». A quelques mois de l’événement, le Gouvernement ne s’est toujours pas manifesté. Nous souhaitons que cela se fasse maintenant, parce que nous allons recevoir le monde entier en avril 2017 pour célébrer le livre, il serait donc très opportun d’implanter des points de lecture, et des bibliothèques un peu partout à travers toute l’agglomération de Conakry. Nous espérons de tout cœur que le Président de la République, Alpha Condé, de surcroit Professeur, fera une déclaration officielle à l’occasion de ce grand événement mondial du livre.
Comme plusieurs femmes battantes de notre pays, vous êtes également une épouse ! Comment faites-vous, pour concilier au quotidien, vos activités et responsabilités professionnelles et privées ?
Diaka Camara : Je suis divorcée depuis 4 ans. Les choses n’ont pas été faciles au début, d’autant plus que je faisais la navette entre les Etats Unis et la Guinée, et finalement, lorsque j’ai décidé de m’installer définitivement en Guinée mon mariage n’a pas survécu, vu que mon époux ne comptait pas revenir au pays. Ce n’est ni facile, ni évident pour les femmes auxquelles j’accorde tout le respect mais je crois qu’avec l’organisation, et le soutien moral de son partenaire on peut y arriver. Après tout, je considère la femme guinéenne comme une « SuperWoman ».
Vous êtes sans aucun doute, Madame Camara, un modèle de leadership pour tous les genres et donc, pour conclure cet entretien, quel message aimeriez-vous faire passer aux lecteurs et lectrices du BDG?
Diaka Camara : Je dirais à tous et à toutes, que chaque personne peut y arriver, avec de la conviction, de la détermination, de l’audace et du travail persévérant. La jeunesse Guinéenne doit comprendre que le changement commence d’abord en soi-même et que l’éducation est primordiale pour le développement d’un pays. Nous devons tous nous donner la main afin de pouvoir développer la Guinée et si chacun joue sa partition notre pays sera un des joyaux de l’Afrique. L’eldorado se trouve chez nous et non pas en occident.