CRIEF : Amadou Damaro accuse feu Lounceny Camara d’être à l’origine de ses ennuis judiciaires (récit)

L’ancien président de l’Assemblée nationale guinéenne, Amadou Damaro Camara, a fait des révélations ce jeudi 17 avril 2025, devant la chambre des appels de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Un témoignage explosif, dans lequel il est revenu en détail sur les événements qui l’ont conduit en prison.

Condamné le 2 décembre 2024 à quatre ans de prison assortis d’une amende de 10 millions de francs guinéens, Damaro Camara pointe un doigt accusateur à son ancien compagnon politique, décédé en prison en 2022. Il s’agit de Lounsény Camara qui, selon lui, serait à l’origine de ses ennuis judiciaires.

La lettre anonyme…

Tout commence après le coup d’État du 5 septembre 2021. Damaro affirme que Lounsény Camara aurait envoyé une lettre anonyme aux nouvelles autorités, l’accusant d’avoir détourné 15 milliards GNF. Des fonds censés financer le futur siège du Parlement au centre directionnel de Koloma

À l’époque, Lounsény Camara présidait la commission Infrastructures de l’Assemblée nationale. C’est à lui que Damaro dit avoir confié un premier chèque de 900 millions GNF pour payer une entreprise dirigée par un certain M. Kim

Mais dès le début, les choses dérapent. « M. Kim m’a appelé pour me dire : ton envoyé me demande de l’argent… ». Je l’ai répondu « ne donne rien. Si tu donnes quoi que ce soit, c’est à titre personnel. On ne t’a pas demandé de commission… », rapporte Damaro.

20 millions de trop….

Deux semaines plus tard, un second chèque de 900 millions GNF est de nouveau remis à Lounsény pour la même opération. Selon Damaro, cette fois, Kim aurait cédé : il aurait remis 20 millions GNF à Lounsény Camara. Furieux, Damaro affirme avoir dissous la commission dirigée par ce dernier, en guise de sanction.

Ce geste aurait été mal digéré. D’après Damaro, Lounsény aurait alors écrit au président Alpha Condé pour l’accuser de vouloir « partager les 15 milliards avec ses amis ». Une lettre qui va déclencher une réunion tendue au sommet de l’État.

« Le président Alpha Condé m’a appelé avec d’autres membres du bureau de l’Assemblée. Quand Lounsény s’est expliqué, Alpha Condé lui a lancé : « Tu n’es pas sérieux ? Comment peux-tu accuser quelqu’un d’avoir détourné de l’argent que je n’ai même pas encore débloqué ?», raconte Damaro.

La vengeance après le 5 septembre…

Selon Damaro, au lendemain du renversement d’Alpha Condé le 5 septembre 2021, Lounsény relance l’affaire en adressant une lettre anonyme aux militaires au pouvoir pour dire que selon lui « les 15 milliards ont été détournés. Ils étaient tous dans une logique de vengeance… C‘était un vendredi et le lundi j’ai reçu la convocation d’aller à la gendarmerie. Je crois que ça nous a pris trois semaines d’enquête. (…) », se remémore l’ancien président de l’Assemblée.

Le choc de l’arrestation

Amadou Damaro ignorant ce qui l’attendait, il dit avoir reçu un appel de son fils, depuis Paris. Celui-ci lui apprend qu’il a entendu à la radio que son père devait être incarcéré dans la journée. Une annonce qui, selon lui, précède même les conclusions officielles du parquet.

« Il n’y avait que l’accusation du procureur spécial. Une longue liste d’accusations (…) dit-il avant de conclure qu’il a été finalement transféré à la maison centrale aux alentours de 1h du matin.

Actuguinee