Le procès est l’aboutissement d’une longue enquête internationale lancée en 2013 portant sur des permis miniers octroyés en Guinée au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), dans lequel le diamantaire a le titre de conseiller.
Sept ans après l’ouverture de l’enquête, un tribunal suisse de première instance a condamné vendredi le magnat franco-israélien Beny Steinmetz, 64 ans, à cinq ans de prison ferme pour corruption d’agents publics en Guinée dans un dossier de droits miniers.
« Il ressort de ce qui a été exposé… que les concessions ont été obtenues par la corruption et que Steinmetz a collaboré avec d’autres personnes » en vue de les obtenir, a déclaré la présidente du tribunal correctionnel de Genève, Alexandra Banna, en pointant du doigt les « mobiles éminemment égoïstes » de l’homme d’affaires.
Beny Steinmetz a également été condamné à verser une créance compensatrice (une forme de dédommagement) de 50 millions de francs suisses (46 millions d’euros) à l’Etat de Genève.
« Je fais immédiatement appel »
« Je prends acte de cette décision que je trouve injuste, et dont je fais immédiatement appel », a déclaré Beny Steinmetz, qui reste « totalement combatif et confiant ». « Cette décision ne reflète absolument pas ce que les 6 jours d’audience ont révélé : il n’y ni pacte ni acte de corruption. »
Pour l’ONG Public Eye, qui dénonce les injustices ayant leur origine en Suisse, cette affaire constitue une « véritable plongée dans les mécanismes de la corruption internationale, avec en toile de fond la Guinée, l’un des pays les plus pauvres de la planète ».
Le procès est l’aboutissement d’une longue enquête internationale lancée en 2013 portant sur des permis miniers octroyés en Guinée au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), dans lequel le diamantaire a le titre de conseiller.
Ce dernier avait obtenu en 2008, peu avant la mort de l’ancien président guinéen Lansana Conté, le droit d’exploiter les blocs 1 et 2 de l’un des plus importants gisements de fer au monde à Simandou, où il a investi 170 millions de dollars. Il en a depuis revendu 51% au groupe brésilien Vale, pour 2,5 milliards.
Selon le parquet genevois, Beny Steinmetz aurait promis dès 2005, puis versé ou fait verser, de 2006 à 2012, des pots-de-vin, dont certains auraient transité par des comptes suisses, à la quatrième épouse de l’ancien président Conté, Mamadie Touré, en échange de ces droits miniers dans ce pays pauvre d’Afrique.
Personnage clé de cette affaire, Mme Touré a reconnu avoir reçu des versements et est depuis protégée par la justice américaine. Convoquée comme témoin à Genève, elle ne s’est pas présentée au procès, tout comme une dizaine d’autres témoins de la défense.