Bakayoko ne s’est pas trompé : l’opposition doit absolument s’entendre sur un leader unique en 2015 face Alpha Condé
Poursuivi pour outrage au chef de l’Etat, diffamation et injure publique, le jeune leader des démocrates guinéens, Abdouramane Bakayoko, écope de deux mois de prison, et de deux millions de GNF d’amende et intérêts. Une procédure judiciaire à la hâte, à la « Soviétique «, qui ne fera pas dissiper, de toute manière, les remarques pertinentes du jeune leader sur la nature réelle des partis politiques qualifiés de « grands » en Guinée. Le RPG d’Alpha Condé et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ne sont-ils pas des partis ethnocentristes, donc sources de guerre civile ? La Guinée, pour son propre bien, n’a-t-elle pas besoin, à partir de 2015, d’un leader politique rassembleur et promoteur d’un climat politique et social rassurant ?
Aucun guinéen ne peut en douter un instant. Ni le RPG d’Alpha Condé, ni l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ne sont mieux placés pour assurer à la Guinée un climat de tranquillité. Ces deux partis – pour appeler les choses par leurs noms- sont ethnocentristes. Ils encouragent la division sociale, et admettent que les facteurs qui composent les caractéristiques sociodémographiques et culturelles d’une personne doivent la pousser dans la même direction politique. C’est-à-dire qu’un citoyen habitant en Haute Guinée, ou parlant le Malinké, n’a qu’un seul choix politique : voter pour un candidat malinké. Qu’un citoyen de la Moyenne Guinée, ou parlant le Poular, n’a qu’un seul choix politique: voter pour un candidat peul.
L’extrême polarisation ethnique de ces partis explique qu’ils sont des candidats parfaits pour l’affrontement social prolongé. Une situation qui sera à la base de l’immobilité politique (nous le vivons maintenant en Guinée), et dans le pire des cas, une guerre civile qui finira probablement avec la domination dictatoriale d’un groupe sur les autres (Dans l’armée guinéenne aujourd’hui, par exemple, l’ethnie malinké est surreprésentée par rapport aux autres ethnies du pays).
Cette extrême polarisation ethnique des partis politiques est tout à fait récente en Guinée. Elle s’y est confortablement installée à partir de 2010, avec l’arrivée du RPG au pouvoir. L’identité ethnique peule autour de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, malheureusement, n’est qu’une réponse à la politique de division sociale définie et entretenue par le président Alpha Condé.
Cette autodéfinition ethnique est déjà une réalité, car elle influe déjà profondément sur le comportement politique de la majorité des guinéens. Une situation préoccupante qui mérite d’être résolue.
Briser ce mûr d’autodéfinition ethnique n’est tout de même pas une quadrature du cercle. Une période de transition politique à partir de 2015, dirigée par un leader, autre qu’Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, redonnerait l’espoir aux guinéens. Seul ce leader rassembleur, plébiscité par tous les guinéens, mettrait fin aux désordres politiques, en redéfinissant un nouvel esprit politique respectueux des lois de la nation.
Il est temps pour l’opposition de cesser de tourner autour du pot, et de s’entendre sur la candidature unique de Sidya Touré. Ce leader technocrate possède la compétence et l’expérience politique reconnues et acceptées par tous les guinéens. De Labé à Kankan, de Conakry à Nzérékoré, Sidya Touré ne trouverait pas d’obstacles sérieux pour relever l’un des grands défis de la Guinée : mettre en place une structure démocratique transparente et consolidée, profitable à jamais pour toutes les futures générations de politiciens.
NB : Le détective cherche ce qui est vrai et faux pour démasquer le coupable. Le scientifique cherche à vérifier ou démontrer pour formuler des lois. Mais le philosophe cherche la vérité, non parce qu’elle lui permettrait de punir les assassins ou les menteurs, mais parce que la vérité est, pour lui, une valeur.
Naby Laye Camara depuis Bruxelles pour www.actuconakry.com
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