APPLICATION DES ACTIFS ETRANGERS SUR LE COUT D’INVESTISSEMENT DES PROJETS MINIERS EN AFRIQUE EXEMPLE : CAS DES 15 MILLIARDS US DU PROJET SIMANDOU
Comme nous aimons souvent le mentionner dans nos précédentes tribunes, que seule la modélisation minière Africaine est ou sera l’unique solution alternative aujourd’hui pour sauvegarder les intérêts de toutes les générations futures, mais aussi permettre à l’économie de faire face aux financements des programmes de développement de notre continent en général et de la Guinée en particulier. En guise de rappel, de justifications des hypothèses, la sincérité et la crédibilité de la suite du développement de toutes nos tribunes, il est important de comprendre que l’industrie minière nécessite de gros investissements conséquents à caractère incertain et irréversible, qui une fois engagés dans le circuit financier vont peser sur toute la durée de vie de l’exploitation minière et de la rentabilité financière des projets.
En effet, l’investissement unitaire c‘est-à-dire l’investissement total divisé par la capacité journalière de production en tonnes de minerais pour une exploitation minière réalisée en contexte non isolé se situe en général entre 120 000 à 325 000 US. Cet investissement unitaire peut même atteindre pour des sites isolés nécessitant l’installation de toute l’infrastructure de base une valeur moyenne de 800 000 US. Ces infrastructures représentent en effet, dans certains cas jusqu’à 60 à 75% de l’investissement total du projet minier dont la structure peut être résumée dans le tableau ci-dessous, les coûts des différents postes du projet Minier dans le monde en général et l’Afrique en particulier :
Hypothèse1 : Répartition du coût d’investissement de ces 15 milliards US
Supposons ce montant de 15 milliards US dans un contexte totalement isolé, qui est d’ailleurs notre souhait et celui des générations futures pour ce projet. Voici les différents scénarios possibles qui pourraient voir jour lors de la répartition systématique de ce coût, conformément aux différents actifs étrangers engagés et acquis ci-dessous :
Conséquences de ces multiples scenarios possibles :
Analysons les différents cas qui pourraient arriver à toute l’économie Africaine en général et de la Guinée en particulier, nous ne le souhaitons pas maintenant pour ce projet Simandou. Juste nous voulons démontrer l’une des vieilles pratiques de ces modèles miniers dont nous tentons de décrire dans notre école de modélisation minière, conformément aux éléments miniers qui sont les propriétés des autres partenaires étrangers directs et indirects du dit projet si possible :
(1) -Infrastructures minières représentant plus de 30% du coût d’investissement, ce qui correspondrait à une valeur de 4 500 000 000 US. Cette manne financière pourrait échapper totalement ou partiellement à toute l’économie Africaine qui n’aurait pas investi dans ces compétences minières pour capter ces flux financiers sollicités, comme ça toujours été l’exemple de beaucoup d’anciens projets miniers en Guinée ;
(2)-Equipements miniers et autres, représentant plus de 15% du coût d’investissement, ce qui correspondrait à une valeur de 2 250 000 000 US. Cette manne financière pourrait échapper totalement ou partiellement à toute l’économie Africaine qui n’aurait pas investi dans ce savoir-faire pour capter ces flux financiers sollicités, comme ça toujours été l’exemple de beaucoup d’anciens projets miniers en Guinée ;
(3)-Usines de traitements et de Raffinerie, représentant plus de 30% du coût d’investissement, ce qui correspondrait à une valeur de 4 500 000 000 US. Cette manne financière pourrait échapper totalement ou partiellement à toute l’économie Africaine qui n’aurait pas investi dans ces cultures minières pour capter ces flux financiers sollicités, comme ça toujours été l’exemple de beaucoup d’anciens projets miniers en Guinée ;
(4)-Autres sont reparties entre les activités techniques-Recherche-Développement & Innovations minières-Ingénieries-Etudes-Expertises-Services auxiliaires et financiers, supervision des missions ou tâches générales ou spécifiques, les normes de qualités et autres exigences; représentant plus de 25% du coût d’investissement, ce qui correspondrait à une valeur de 3 750 000 000 US. Une partie de cette manne financière pourrait échapper totalement ou partiellement à toute l’économie Africaine qui n’aurait pas investi dans ces différents éléments incorporels pour capter ces flux financiers sollicités à travers les filiales de ces mêmes entreprises étrangères. Toute l’économie Africaine songe en moyen récupérer un montant de 600 000 000 US, ce qui représenterait un pourcentage maximum de 3% du cout total d’investissement. Par analogie, ce qui donnerait à la Guinée et aux entreprises locales de nouveaux souffles financiers pour les travaux de réalisation d’infrastructures et autres etc., avoisinant une valeur allant de 250 000 000 à 550 000 000 US, avec zéro (0) actif minier pour toute l’économie Africaine.
Le reste des autres actifs représenterait près de 99% pour un montant équivalent à 14 600 000 000US, sera retourné et absorbé entièrement par les autres pays. Imaginons toutes ces nouvelles conditions économiques, sociales et industrielles structurelles et leurs multiples effets crées sur le long terme aux autres continents.
Quel drame pour notre économie locale, qui ne se contenterait que de ces modèles économiques et financiers en lieu et place de ces actifs miniers décrits dans nos précédentes tribunes. Nous comprenons, pourquoi le continent se vide de ses ressources humaines, qui vont à la recherche du bonheur, malgré les réticences chez certains adeptes qui considèrent que l’avenir du monde se jouera un jour en Afrique.
Alors, est ce que l’Afrique a-t-elle intérêt à valoriser le nouveau chantier de la Modélisation minière, unique solution pour tous les pays miniers. Oui c’est possible, si nous voulons sauver les générations futures et accepter que l’avenir du monde entier se joue en Afrique un jour. Investissons-nous vers le chemin d’acquisition de ces différentes compétences minières et mêmes pour les autres secteurs, une priorité pour toutes les nouvelles autorités Africaines et futures, au cas contraire rêvons encore pour le bonheur des autres éternellement en les rendant responsables de notre destin (…).
Voici un cas d’applications directe de ce modèle de dépendances économiques, industrielles, techniques, technologiques et autres actifs (…), avec les caractéristiques fondamentales et particulières, les différentes variables, les avantages et inconvénients, les limites dans nos économies fragiles et les perspectives de mutation.
Hypothèse2 : Le moment du retour sur investissement de ces 15 milliards US et plus qui sont injectés dans le Projet Simandou
Imaginons que toute l’Afrique en général et la Guinée en particulier sont parties avec zéro (0) actif dans ledit projet, comme l’indiquent les dispositions du nouveau Code minier, qui ne prévoient aucune ouverture pour de telles innovations techniques et scientifiques sauf celles des participations en numéraires qui sont aussi cessibles et amodiables, une autre illustration pour justifier que la Guinée a des manquements à apporter dans les dispositions du Code minier. Alors supposons que les autres partenaires miniers sont là avec plus de 100% des éléments de production durant toute la durée de vie du projet et qu’ils vous accordent un montant total de redevances, taxes et autres impôts d’une valeur d’un (1) milliard US par an. Devinons les conséquences aujourd’hui et pour le futur, en répondant à l’affirmative suivante. Si la Guinée doit percevoir au moins un milliard US par an de son projet Simandou avec zéro (0) actif détenu et ceux qui ont le total des actifs du projet à 100%, auront combien par an ?
Voilà les réalités de beaucoup de projets miniers dans la plupart des pays Africains. C’est pourquoi d’ailleurs, il est impératif de comprendre que les Revenus miniers sont dans les actifs physiques, immatériels et financiers et non dans les modèles économiques et financiers que nous avons l’habitude de fonder nos hypothèses de négociations des conventions minières ; une erreur culturelle qui a tué presque tous nos espoirs sur les fondements réels du développement de notre continent.
Alors, corrigeons maintenant ces erreurs et pertes structurelles, travaillons sur notre foi et conviction à accepter ce raisonnement suivant : les Revenus du secteur extractif ne sont que dans les actifs miniers une fois de plus encore nos parents Africains.
Ainsi, voici les deux (2) solutions et recommandations avant la promulgation des conventions du projet Simandou : (1’’) –Ne privilégions pas les voies du transfert de compétences et de technologies via Simandou Academy, comme l’ont annoncé les autorités minières et le comité Stratégique du projet Simandou, préconisons d’autres voies plus techniques telles que (…) ; (2’’)-La Guinée doit avoir ses propres actifs miniers, qui pourraient être beaucoup plus conséquents en terme de rémunérations futures au-delà de toutes ces annonces relatives aux actions de la CTG ou autres possibilités prévues dans les dispositions du Code minier ne sont d’ailleurs indexées sur aucun actif minier.
En conclusion de tout ce qui précède, nous sollicitons de recueillir les avis des experts internationaux pour l’intérêt de la Nation et celui des générations futures et ou ceux des experts locaux au sein des Administrations publiques minières et fiscales, afin qu’ils cartographient l’environnement de tous les actifs miniers, leurs valorisations économiques, la structuration des modèles miniers internes et externes, des incohérences et cohérences des modèles économiques et financiers, les diverses modalités de partage de la rente et la consolidation de la nouvelle modélisation minière Africaine.
Par Abdoulaye SOUMAH, Doctorant en Politique Budgétaire et Fiscale des Industries Extractives dans les pays en Développement-Fondateur et Gérant du Cabinet Inteex-Sarl.