AFFAIRE LELOUMA : L’ETAT GUINEEN VEUT-IL ABDIQUER FACE AUX ESCLAVAGISTES DE LELOUMA AU FOUTAH DJALLON ?
Aujourd’hui certains de nos compatriotes Guinéens parlent avec véhémence sur les ondes des radios privées localeset internationales des principes de la démocratie et de la liberté d’expression. Mais à voir de plus près les actes de leur vie quotidienne, l’on se rend compte que ceux-ci, notamment ceux et celles originaires du Foutah Djallon (Moyenne Guinée), soutiennent encore, contre vents et marées, les structures sociales esclavagistes de leurs localités (mépris social pour les originaires des « Rundè », maintien de toutes formes d’expression de la supériorité sociale des « Pullo » sur les autochtones « Rundeka » réduits en esclavage après la Bataille de Talansan en 1727, etc.).Pour ceux et celles qui doutent de cette réalité,voici des exemples éloquents dans la Préfecture de Lélouma, Région administrative de Labé, en Moyenne Guinée, autour d’un conflit actuel entre une famille bergère Pullo et les riverains de la bergerie « Rundeka ».
Il s’agit du cas de Hadja Aïssatou Korka Diallo et de son fils Mamadou Saïdou Diallo qui possèdentune bergerie à Botoko, dans le quartier rural de Sanama, commune urbaine de Lélouma. Ils ont très souventaccusé les chiens appartenant à des Rundeka de Sanama de dévorerleurs chèvres. Suite à une nouvelle accusation de ce genre en février 2014, Hadja Aïssatou Korka Diallo est venue présenter à la Gendarmerie de Lélouma les restes de la viande pourrie de chèvres dévorées par des chiens du voisinage, pour porter plainte contre un citoyen de Sanama. Après avoir écouté la plaignante, le commandant de la gendarmerie aconvoqué l’accusé qui, entre-temps,était déjà parti pour le Sénégal. L’officier de gendarmerie a demandé alors à Hadja Aïssatou Korka Diallo de patienter jusqu’à la main mise sur le présumépropriétaire des chiens mangeurs de chèvres.
Sans tarder, le juge de paix, à l’époque M. Sidiki Kourouma, a reçu la plaignante pour l’entendre. Cette fois-ci, elle accuse pêle-mêle un certain nombre de citoyens de Sanama dont certains possèdent des chiens et d’autres qui n’en ont pas du tout, et cela sans aucune preuve convaincante. Aussitôt tous les accusés sont immédiatement convoqués devant le tribunal de Lélouma. Ce problème traîne pendant huit (8) mois sans aucune suite.
Intervient alors en octobre 2014 le mouvement d’affectation des juges de paix et d’instruction sur toute l’étendue du territoire national.Le juge de paix de Lélouma, M. Sidiki Kourouma, est affecté à Pita en qualité de juge d’instruction. Il profite de cette situation pour rendre le verdict dans l’ « affaire des chiens dévoreurs de chèvres », le jeudi 6 Novembre 2014. Eu égard à la tradition sociale de Lélouma, le juge n’avait d’autre choix que respecter celle-ci qui veut qu’un Sidibé, un Camara, un Keïta ou un Kanté, etc., natif de la localité et d’origine servile, ne doit jamais avoir raison sur un Diallo, un Bah, un Barry, un Sow,etc., également natif de Lélouma, mais « Pullo », donc « maître d’esclave » et qui méprisent toujours les autres qui sont d’origine Mandingue ou Dialonka. C’est ainsi que le verdict rendu était en faveur de Hadja Aïssatou Korka Diallo et de son fils Mamadou Saïdou Diallo. Le juge inflige aux pauvres « Rundeka » accusés sans aucune preuve une amende de GNF 9.000.000.- (Neuf millions de Francs guinéens, soit plus de 1 000.- €, pour des paysans sans terres qui gagnent moins de un euro par jour !). Notre source d’information précise que la plaignante, Hadja Aïssatou Korka Diallo, âgée de 97 ans,serait née de la famille Célé-Yenké à Djinkan, une famille qui, depuis la colonisation française jusqu’à maintenant, commande la ville de Lélouma. Dès sa sortie du palais de justice, assuré du soutien de M. le juge, M. Mamadou Saïdou Diallo aurait tenu des propos agressifs à l’endroit de tous les riverains de leur bergerie.
Le vendredi 7 Novembre 2014 aux environs de 17hO0, en passant devant la bergerie de Hadja Aïssatou Korka Diallo, et revenant du champ,M. Ousmane Koulibaly accompagné de deux enfants aurait entendu M. Mamadou Saïdou Diallo dire à sa mère : « Amène-moi le fusil, les chiens sont venus ». Quelques minutes après, M. Ousmane Koulibaly reçoitun coup de fusil et les enfants ont pris la fuite vers le village qui se situe à plus de 6 km du lieu du drame, pour alerter la famille de la victime.Certains jeunes du village de la victime se rendent immédiatement auprès du blessé. C’est en ce moment précis que M. Mamadou Saïdou Diallo, à la gâchette facile, fort du pouvoir social familial dont il dispose et du soutien du juge M. Sidiki Kourouma a tiré encore une fois sur un autre jeune du nom de Thierno Sadou Koulibaly – élève coranique venu de Gaoual qui a rendu l’âme aussitôt dans les environs de 21h00. Soit deux coups de fusil bien prémédités, avec pour résultats un mort et un blessé grave. Suite à ce drame, le neveu de l’assassin, M. Boubacar Poty Diallo, citoyen de Djinkan et certains proches ont conseillé par téléphone à l’assassin de mettre le feu à une hutte de la bergerie et de tirer le corps de la victime à l’intérieur de la clôture, afin de pouvoir simuler une agression de sa part. Cela lui permettrait d’avoir quelques points d’accusation contre les « Rundeka ». Un témoin,M. Abdourahamane Bah, aurait confirmé à la gendarmerie le fait que l’assassin aurait suivi les conseils de ses proches. Vu la gravité de l’incident, les forces de l’ordre, en commun accord avec l’autorité préfectorale, ont déposé l’assassin à la prison centrale de Labé. Depuis lors, le grand combat est engagé par la majorité des Pullo de Lélouma contre le Préfet, M. Samba Hery Camara, originaire des « Runde ». Pour eux, il est inacceptable et même impensable qu’on emprisonne un Pullopour avoir tué un Koulibaly de la communauté des ‘’Rundeka’’, donc d’origine esclave. Si l’on réussit cet exploit, c’est parce que le préfet est de la communauté des victimes. Sinon tuer un Rundeka n’est pas un crime au Foutah Djallon. Cela ne vaut pas la peined’emprisonner un Pullo dont la famille maternelle est Célé -Yanké de Lélouma. C’est cette famille qui aurait, de tout temps, commandé et exploité la communauté des Rundeka tant méprisée au Foutah Djallon. C’est pourquoi aussitôt, ils ont organisé des réunions dans le secteur de Thiagné quartier de Petel, dans le quartier de Djinkan, village natal de Hadja Aïssatou Korka Diallo et à Korbé (village où Hadja est mariée), respectivement commune urbaine et sous-préfecture de Korbé pour voir comment faire porter la responsabilité de ces drames au Préfetde Lélouma, M. Samba Héry Camara. A l’issue de leurs conciliabules, des lettres ont été distribuées dans tous les villages Pullo de Lélouma, à l’exception notoire des Runde, pour inviter tous les peulhs à se mobiliser massivement le lundi 24 Novembre 2014 à 10h00,afin de demander le départ du Préfet. Suite à cette marche, le Gouvernement a décidé de mettre en route une mission d’apaisement à cette crise préméditée par les manifestants avec le soutien de M. le Gouverneur de la Région administrative de Labé, M. Sadou Keïta.
Dès l’annonce de la composition de la mission gouvernementale le samedi 28 Novembre 2014 à Conakry, c’est la joie dans tous les villages peulhs de Lélouma.On entendait dire : ‘’ça marche !Ce sont MM. Baïlo Teliwel Diallo et Thierno Ousmane Diallo, respectivement Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et Ministre de l’Elevage qui viennent secourir un Camara, un Keïta, un Koulibaly, etc… du Foutah Djallon ».‘’Qui-vivra-verra’’.
Cette importante mission gouvernementale est arrivée à Labé le Jeudi 4 décembre 2014. Au cours d’un entretien nocturne au logement du Ministre Baïlo Teliwel Diallo en présence du Gouverneur et du Préfet de Lélouma, Samba Hery Camara, le Chef de mission, M. Baïlo Teliwel Diallo aurait ordonné au Préfet Samba Hery Camara d’attendre à Labé. Ne doutant de rien, le Préfet de Lélouma obéit en restant à Labé. Au petit matin du vendredi 5 Décembre 2014, la mission a quitté Labé pour Lélouma en passant par l’ancienne route coloniale Labé Diari-via-Parawol-Sagalé. Après un long entretien dans la sous-préfecture de Sagalé, la mission gouvernementale arriva à Lélouma-Centre aux environs de 18h0O. Il y avait à Lélouma deux lieux de mobilisation : les manifestants Peulhs (Pullo) étaient réunis à Petel, quartier du Centre et les Rundeka, à 90 % membres et sympathisants du RPG-Arc-en-ciel, étaient aussi réunis à Diala II, quartier de la communauté des Rundeka. Les missionnaires sont reçusen 1ère position par les manifestants à Petel. Après le protocole d’accueil, le porte-parole des manifestants, Elhadj Abdourahamane Poyé Diallo qui se disait ami de M. le Préfet, 3e personnalité de la Ligue islamique préfectorale, issu d’une grande famille islamisée, aurait déclaré avec insistance :« Le préfet Samba Hery Camara est bien en classe comme enseignant ; il est aussi bien dans la production en tant qu’Ingénieur agronome. Mais il ne doit pas nous diriger comme Préfet. Que Dieu l’envoie ailleurs‘’. Puis suivit la déclaration de Mme Mariama Ciré Diallo de Kenéry, porte-parole des femmes qui aurai dit, citation :« Nousnous ne voulons pas du préfet Samba Hery Camara. Nous préférons le commandement de nos chiens à son commandement ». Tous les intervenants auraient soutenu les avis de leurs prédécesseurs. Après la séance de travail à Petel, la mission s’est rendue à Diala II pour écouter les Rundeka. Contrairement à l’information que la mission gouvernementale avait reçue, prétendant qu’elle ne trouverait personne à Diala II, compte tenu de l’heure tardive, il y a eu une mobilisation massive qui a regroupé les 7/10 des sous-préfectures de Lélouma. Tous étaient venus au nom de l’ensemble des militants et sympathisants du R.P.G-Arc-En-Ciel. En outre, il y avait d’autres personnes allergiques à l’injustice sociale traditionnelle qui prévaut à Lélouma. Tout ce monde attendait patiemment les hôtes, malgré le grand retard accusé par la mission gouvernementale.Souhait-elle venir si tard à Diala II pour n’y trouver personne ? Seul le Bon Dieu le sait.
Après le protocole d’accueil, le porte-parole des Rundeka a dénoncé avec vigueur le mépris social qui caractérise le comportement des Pullo à leur égard à Lélouma. Il s’agirait d’une injustice typique de l’esclavage qui existe à Lélouma avec le soutien des Ligues islamiques préfectorales et communales et les élus locaux. En un mot, toutes les structures sociales seraient dominées par les Pullo conservateurs de la tradition de l’esclavage. Le Gouverneur de Labé M. Sadou Keita avait été publiquement dénoncé par des intervenants des Runde. Après la nomination de M. Samba Hery Camara au poste de Préfet de Lélouma, le Gouverneur de la Région administrative de Labé, M. Sadou Keïta se serait rallié aux féodaux de Lélouma pour leur dire :‘’Soulevez-vous contre le Préfet.Vous avez mon soutien total’’. Tous les intervenants des 7sous-préfectures sur les dix que compte la Préfecture de Lélouma auraient successivement dénoncé l’injustice sociale, le grand mépris et le rejet de la communauté des Runde par les Pullo. Au terme de l’entretien, les questions posées n’ont jamais été répondues par la mission gouvernementale :par exemple les accusations portées contre le Préfet Samba Hery Camara ?Aucune réponse de la part des ministres envoyés par le gouvernement.Après trois (3) jours de rencontres séparées organisées par les missionnaires de l’Etat,la mission s’est retournée à Labé le 7/12/2014. A l’issue d’un dernier entretien avec le Préfet Samba Hery Camara encore une fois à Labé, le Chef de la mission gouvernementale a réitéré au Préfet de Lélouma l’ordre de ne pas aller à Lélouma et de rester à Labé ou de se rendre à Conakry. Sans lui donner la moindre raison de son bannissement hors de sa préfecture d’origine. C’est ainsi que depuis la fin de cette mission gouvernementale, le Préfet Samba Hery Camara vit hors de sa famille et de sa préfecture d’origine, entre les villes de Labé et de Conakry.
L’Etat guinéen est-il en train d’abdiquer devant les pressions des esclavagistes du Foutah Djallon méprisant à l’envi tous les principes de liberté et d’égalité des citoyens garantis par la Loi Fondamentale de la République de Guinée ?
Pour l’Association Citoyenne Abolitionniste (A.C.A.)
Le Président Monsieur Mohamed Mansour KABA
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