Monsieur le Président, les forêts denses primaires de Ziama et de Diécké étant considérées comme des patrimoines du domaine classé guinéen, la récente signature du protocole d’accord entre votre gouvernement, la société Forêt Forte et la délégation syndicale Forêt Forte dans le cadre de l’exploitation de ces deux sites semble incompréhensible, d’autant plus que l’État guinéen est signataire de la plupart des conventions et accords internationaux sur le climat.
Il y a quelques mois, vous rappeliez, comme Président en exercice de l’Union Africaine, à l’occasion de la COP 23 à Bonn (Allemagne) aux différents participants, la nécessité liée au respect des engagements pris en faveur de l’Afrique sur le combat contre le réchauffement climatique lors de la COP 21 à Paris et indiquiez que: « L’Afrique n’est pas responsable du changement climatique dont elle est victime (…) ».
De votre discours, émerge un constat dont l’Afrique devrait tirer un enseignement: Pour son avenir, elle ne peut compter que sur elle-même. Compter sur elle-même impliquera donc, Monsieur le Président, que ses États deviennent les véritables garants de la protection et de la préservation de son environnement. Une protection dont la matérialité dépendra essentiellement du rôle de premier plan qu’incarneront ses chefs d’États.
Monsieur le Président, des études démontrent, vous disposez sans doute des statistiques, que les forêts de Ziama (112 000 hectares) et de Diécké (64 000 hectares) occupent respectivement le 4e et le 7e rang sur les 12 sites majeurs pour la conservation de la biodiversité en Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, l’impératif qui commande leur préservation s’accorde également avec les objectifs de la P.C.E (Politique Communautaire de l’Environnement de l’Union Africaine): une politique relevant des attributions de la Conférence des chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Union Africaine dont vous êtes vous-même membre.
En tant que Coordinateur des énergies renouvelables pour l’Afrique et Président du conseil d’administration de l’Initiative Africaine pour les Énergies Renouvelables (IAER), vos décisions internes touchant à l’environnement, aussi singulières qu’elles puissent l’être en apparence, dénotent/recouvrent une dimension hautement significative à l’échelle africaine/mondiale.
De plus, dans le cadre général de sa VISION 2025, la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont l’État guinéen est également membre a déjà établi une politique environnementale qui favorise la conservation et la gestion durable des espèces floristiques et faunistiques afin de préserver l’équilibre de l’espace sous-régional ouest-africain.
Monsieur le Président, en vertu de l’article 16 de notre constitution, me prescrivant le devoir de défendre mon environnement (notre environnement) comme citoyen, et vous confiant, en votre qualité de chef d’État « DÉPOSITAIRE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE », la mission de le protéger, notre chère constitution fait ainsi de la préservation de l’environnement une obligation commune.
En espérant que cette lettre attirera votre attention, veuillez me croire, Monsieur le Président, qu’au regard des PRÉROGATIVES que vous confère le POUVOIR RÉGLEMENTAIRE, résilier la convention autorisant la société Forêt Forte à exploiter les forêts classées de Ziama et de Diécké en invoquant le MOTIF D’INTÉRÊT GÉNÉRAL constituera sans doute un acte fort qui acquerra du crédit aussi bien en faveur de votre politique gouvernementale (interne) de lutte contre la dégradation de l’environnement qu’au profit des engagements internationaux de l’État guinéen sur le climat.